Le retrait engagé des Casques bleus du Mali pose des risques importants pour la sécurité des civils, la protection des droits humains et l'aide humanitaire dans le pays, s'inquiète le chef de l'ONU dans une lettre vue jeudi par l'AFP.
A la suite
d'une demande de la junte malienne ayant pris tout le monde de court, le
Conseil de sécurité de l'ONU a mis un terme immédiat le 30 juin à la mission de
maintien de la paix au Mali (Minusma), prévoyant un retrait de ses plus de
13.000 militaires et policiers d'ici le 31 décembre 2023.
« Le
calendrier, la portée et la complexité du retrait de la Minusma étant sans
précédent, un nombre important de risques sécuritaires, politiques et
opérationnels devront être surveillés et atténués autant que possible »,
écrit Antonio Guterres dans sa lettre adressée aux membres du Conseil de
sécurité.
Mais même
avec un « transfert fluide » des tâches de la mission aux autorités
maliennes, « la capacité des Nations unies à fournir de l'aide
humanitaire, soutenir la protection des civils ou des droits humains sera
inévitablement gravement affectée », poursuit-il.
Le
secrétaire général s'inquiète en particulier de "tensions" qui ont
émergé, lors du départ des Casques bleus du camp de Ber, dans le nord, entre le
gouvernement et la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion
touareg), forçant l'ONU à anticiper son départ. « Si ces tensions
n'étaient pas résolues, elles pourraient non seulement compliquer le retrait de
la Minusma mais également saper encore plus l'accord de cessez-le-feu, avec des
implications graves sur la totalité du processus de paix ».
Le départ de
la mission crée d'autre part « des opportunités pour des groupes
extrémistes violents d'étendre leurs activités, avec des risques de débordement
dans les pays voisins ». Sans la Minusma pour les protéger, la présence
des humanitaires dans certaines régions, comme Ménaka (nord-est), sera « gravement
affectée », estime-t-il.
Et ce
retrait « va probablement créer un vide important en matière de protection
et de promotion des droits humains au Mali ».
La mission,
qui compte une dizaine de bases réparties sur le territoire, avait été créée en
2013 pour aider à stabiliser un Etat menacé d'effondrement sous la poussée
jihadiste, protéger les civils, contribuer à l'effort de paix et défendre les
droits humains. Dans sa lettre, Antonio Guterres détaille le plan de retrait
express de la mission.
La première
phase, qui se termine fin août, a permis le transfert au gouvernement de
transition des bases les plus petites et les plus éloignées, notamment Ber et
Goundam. Le reste des camps de la Minusma sera progressivement évacué vers 3
"hubs" principaux (Tombouctou, Gao et Bamako). Ces trois sites
devront encore organiser, pendant la période de "liquidation" qui
commencera le 1er janvier 2024, le transport de tous les équipements --
transport rendu plus compliqué par le récent coup d'Etat au Niger voisin.
Agence France Presse (AFP)