Après avoir levé l’étendard contre le pouvoir d’Alpha Condé, le colonel Mamady Doumbouya, entend rompre les lances contre la corruption. Pour réussir ce défi dantesque relatif à la moralisation de l’administration publique, le président du Conseil national pour le rassemblement et le développement (CNRD) voit dans les médias, son meilleur allié. Un pas de deux à l’avantage de la Guinée, dans ce contexte transitionnel, où le rôle dévolu aux médias est des plus cruciaux.
A la faveur des consultations nationales inclusives entre
les forces vives et le CNRD, les médias, qui figurent en bonne place parmi les
appelés de cette « conscription », en sont sortis toutefois ragaillardis.
Pour avoir eu le blanc-seing du colonel Doumbouya, de
pousser les feux dans la croisade contre la déprédation des ressources du pays.
Une bouffée d’oxygène pour la presse, en période de libéralisation où
d’ordinaire le musellement de la presse est légion.
Dans son discours de circonstance, le chef de la junte a eu
la décence de saluer le courage et l’abnégation dont la presse a toujours fait
preuve dans la dénonciation des turpitudes des régimes précédents.
Sans omettre les risques encourus par ceux qui se
hasardaient à de tels exercices périlleux, dans un univers kafkaïen.
Le président du CNRD a exhorté dans la même foulée les
professionnels des médias, à contribuer à la refondation de notre république,
en étant sur la ligne de crête entre le souci de préserver la cohésion
nationale et la quête de justice sociale.
Ce qui passerait impérativement à ses yeux par l’éducation
civique des populations et la lutte contre la corruption.
Pour sa part, le colonel promet de jouer sa partition, en ne
ménageant aucun effort pour la création des conditions idoines à l’exercice du
métier de journalisme, dans le strict respect des principes en la matière.
Le colonel Doumbouya de par ce discours à l’eau tiède, a
aussi invité les médias à ripoliner l’image de la junte auprès de la communauté
internationale, à travers des préjugés favorables.
On le voit, le colonel, conscient sans doute du rôle
prépondérant des médias en période transitionnelle, préfère se servir de ce
levier, que de les brider.
Quitte à la presse, à son tour de jouer franc-jeu, en ne
dévoyant pas cette transition, qui est désormais la cristallisation de tous les
espoirs des Guinéens.
Mamadou Dian Baldé