« Je ne passerai pas un jour de plus sur les 24 mois de transition ». Cette punch line attribuée au président de la transition, par le porte-parole du gouvernement, continue de tourner en boucle depuis jeudi. Le colonel Mamadi Doumbouya aurait prononcé cette phrase choc lors du dernier conseil des ministres, à en croire Ousmane Gaoual Diallo. Une façon de rassurer les nombreux adeptes de Saint-Thomas, que compte le landerneau politique, de sa « bonne fois ». Des gens qui préfèrent voir avant de croire. Et non de tout prendre au pied de la lettre.
Le fait pour le colonel Mamadi Doumbouya, de réitérer sa
profession de foi, en ce début de la mise en œuvre du chronogramme de
transition, acté d’un commun accord avec la Communauté économique des États de
l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), vise sans doute à prouver qu’il n’est pas du
genre à voler ses gages.
Ne pas faire un jour de plus sur les 24 mois, signifie
dorénavant que ce chronogramme est gravé dans le marbre. De quoi faire ravaler
aux détracteurs du régime, leurs propos consistant à dire que la junte pourrait
s’accrocher au pouvoir.
Pour en rajouter à sa « loyauté », le président de la
transition a annoncé, dans la même foulée, la création d’un « Comité de
suivi-évaluation de la mise en œuvre du chronogramme de la transition ».
Comité qui a pour mission de « suivre, d’orienter et
d’évaluer la mise en œuvre du chronogramme de la transition et des réformes
politiques en Guinée ».
Une démarche qui peut être perçue comme un crève-cœur pour
les thuriféraires du régime. Partisans d’une transition à durée illimitée.
Tandis que les frondeurs y trouveraient leur compte. C’est le cas de l’Anad et
ses alliés, qui ne cessent de pester contre les autorités de la transition.
Qu’ils accusent de gestion unilatérale de la transition.
Le fameux chronogramme de la transition figure d’ailleurs
parmi les revendications des opposants au Cnrd. Les deux ans, demeurant, en
effet comme une coupe amère à avaler pour Dalein et ses pairs.
Quand on sait que les acteurs politiques sont sur des
charbons ardents depuis l’éviction du président Alpha Condé. Leur colère
n’ayant fait que s’accentuer, suite au cuisant échec enregistré dans leur
tentative de régenter la junte, comme ce fut le cas avec le Cndd.
Le colonel Mamadi Doumbouya s’étant illustré comme quelqu’un
ayant la tête dure. De quoi réfréner les ambitions de la vieille garde
politique. Qui se voit ainsi doubler par la droite, sur son terrain de
prédilection.
Un crime de lèse-majesté, que l’aile dure des forces vives
se donne le droit de faire payer à celui qu’elles considèrent comme un
usurpateur. Quitte à lui mettre les bâtons dans les roues.
Il revient au colonel de tenir parole, en organisant des
élections justes et transparentes, afin de passer la main à un régime civil.
Pour le plus grand bien du pays. Pour parler comme Harry
Potter.
L’Editorial de
Mamadou Dian Baldé