Le président du CNRD, le Colonel Mamadi Doumbouya, a tenu un discours qualifié de convaincant à l’occasion de la rencontre avec les sociétés minières évoluant en Guinée. Selon l’officier, la Guinée restera toujours attachée au respect des normes et principe de transparence et de bonne gouvernance. Par ailleurs, le tombeur du président Alpha Condé, qu’il a renversé le 5 septembre dernier, a rappelé que les sociétés minières doivent accorder un intérêt particulier aux guinéens.
« Je voudrai, du haut de cette tribune, réaffirmer de
façon solennelle l’engagement du peuple de Guinée, du CNRD et moi-même, à ne
ménager aucun effort quant à la protection et à la sécurité des investisseurs
étrangers en Guinée. Tout en vous rappelant que ces ressources sont
non-renouvelables, je voudrai vous inviter au respect strict des obligations
légales et contractuelles. Le CNRD et le secteur minier ont une communauté
d’intérêt. La préservation de ces intérêts nécessite le renforcement des
équilibres et le maintien du dialogue. C’est pourquoi la Guinée restera
toujours attachée au respect des normes et principe de transparence et de bonne
gouvernance, prônées par l’initiative pour la transparence dans les industries
extractives (ITIE). Entre autres, dans cette dynamique, une attention
particulière sera accordée au respect du contenu local.
Aucune entreprise avec les intérêts étrangers ne pourrait
être désignée pour faire la construction et la maintenance des routes non
goudronnées et des bases vies. Sauf s’il y a constat d’incapacité des
entreprises locales. Cette mesure concerne aussi le transport des minerais,
notamment par voie terrestre et le transport des travailleurs. Il convient
aussi d’accorder la priorité aux nationaux, dans tous les concours de
recrutement. Il convient également d’accorder la priorité aux nationaux dans
tous les concours de recrutement aux différents postes y compris les cadres des
directions en particuliers pour les ressources humaines, le développement
communautaire, la communication et les relations extérieures.
En ce qui concerne les directeurs généraux et sièges sociaux
de leurs sociétés, ceux-ci doivent être basées en Guinée. Le respect scrupuleux
des normes environnementales et sociales par les compagnies est impératif. Nous
y veillerons particulièrement. Dans le même ordre d’idées, j’interpelle les
employeurs à tous les niveaux, d’accorder une attention particulière aux
obligations de santé, de sécurité et de protection sociale. Aussi, la
participation non contributive de l’État dans les sociétés en phase de
production et celles en phase de développement doit être assurée. Une ouverture
suffisante pour les contributions pour des coûts historiques ou basées sur le
marché, doit être envisagée.
De même, toutes les transactions commerciales et financières
notamment entre maisons mères et filiales doivent être portées préalablement à
la connaissance de l’État. Les dispositions fiscales conventionnelles ou de
droit commun, pourront être applicables. Je voudrai rappeler l’importance du
fonds de développement économique locale (FODEL) et du fonds national de
développement local (FNDL) en tant qu’outils de financement des communautés
locales impactées par les activités minières. Des dispositions spécifiques
seront prises pour l’utilisation efficiente et transparente de ces fonds en
faveur des communautés.
La Guinée a longuement souffert de la malédiction des
ressources. Le pays dispose d’un potentiel minier incontesté. Mais les
populations demeurent dans une pauvreté visible. Nous devons travailler
ensemble pour que cette malédiction se transforme en opportunité d’amélioration
des conditions de vie des populations. Pour cela, la transformation des
matières premières et la diversification des activités minières tel
qu’envisager dans la plupart de vos conventions, deviennent impératives. Vos
obligations dans ce cas doivent être respectées sans délai.
Si les investissements réalisés dans le secteur des mines
ont été principalement dans la bauxite et l’or ces dernières années, nous
devons mettre tout en œuvre pour favoriser la production d’autres minerais dont
le fer. Si nous pouvons nous satisfaire de l’accroissement du volume de la
production de la bauxite, les retombées sur l’économie guinéenne ne sont pas
encore pleinement satisfaisantes. Nous devons donc accélérer la deuxième phase
de la chaine de valeur, c’est-à-dire la transformation de la bauxite en
alumine, ensuite en aluminium dans le pays. Dans la logique des équilibres des
droits et des devoirs de chacun et de tous, nous ne transirons pas sur certains
points tels que l’existence de transparence dans les relations État-opérateurs.
Le respect des obligations contenues dans les conventions,
la fiscalité, la redistribution des richesses à travers notamment les
différents régimes de contribution, la préservation de l’environnement et la
responsabilité vis-à-vis des générations futures, l’intensification de la
recherche scientifique et de la projection géologique. Il est temps que le
secteur minier joue son rôle de levier d’entrainement pour les autres secteurs
de l’économie nationales à savoir la culture, l’élevage, la pêche, l’industrie
manufacturière, l’infrastructure, etc.
En fin, il convient de renforcer le partenariat
gagnant-gagnant afin que chacune des deux parties puisse bénéficier des
retombées de l’activité minière. »