Le colonel ne fait pas l’économie de l’exercice de la représentation

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  • 06 octobre 2021 09:06

  • Politique

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Tenir des discours, communier avec les jeunes le 2 octobre ou sortir des détenus d'opinions de prison ou encore promettre de ne pas se porter aux différents scrutins, prochainement, depuis le 05 Septembre, le colonel séduit et cela ne devrait pas s'estomper si tôt. 

Se recueillir sur la tombe du général-président Lansana, implorer l’éternel d’accorder sa grâce au président-syndicaliste Sékou, écouter les forces vives de la Nation au fil des journées de consultations, prêter serment de ne pas se présenter aux élections prochaines, promettre d’envoyer au cachot tous ceux qui ont piqué dans les caisses de l’Etat, prier pour le repos des âmes de ceux qui dorment au cimetière de Bembéto, déclamer un discours télévisé à la Nation de 14 mn 56 secondes ou encore libérer plusieurs détenus d’opinions, le colonel a fait tout ça en l’espace d’un mois. 

Un mois après avoir congédié Alpha Condé. Cela n’est pas rien ! Surtout pas pour tous ces jeunes qui ont pris de selfies du colonel-président en balade dans les rues de la capitale. Possiblement que dans la ferveur de voir à portée de mains le colosse Doumbouya qui a déposé Condé, ils ne réalisent pas en ce moment qu’ils seront d’une manière ou d’une autre, en tension avec lui au fil du temps. Parce que gouverner c’est prendre des décisions à forte résonnance populaire mais c’est aussi savoir opter pour des choix impopulaires même quand on est en transition. C’est-à-dire déjouer les temporalités ! Comment dirais-je que le colonel ne nous fait bien l’amour, il nous a déjà dragués, il se porte bien dans nos cœurs. Pour le moment, le colonel nous apprend qu’il sait agir. 

Tenez, pour illustrer qu’il nous charme, 64% des sondés ayant participé au dernier sondage de l’AGSP, disent que l’action du CNRD est intervenue « au bon moment ». Si donc le plébiscite de la déchéance du président Alpha laisse entendre que ce dernier avait perdu en légitimité, les guinéens semblent néanmoins jouer la prudence, peut-on comprendre dans cette étude. C’est par exemple ces 35% des personnes interrogées entre le 13 et le 16 Septembre, confiant n’avoir aucune confiance en la junte comme « les lignes de fracture nettes entre les zones d’influence de l’ancienne mouvance présidentielle et celles favorables à son opposition politique ». Et ce, même dans les zones à forte approbation du coup de force. 

On est loin encore de désenchanter du colonel parce qu’il fait et dit ce que nous voulons. Les discours et les actes qu’il tient font des effets. Sa posture nous capte parce que tout cela est travaillé dans le but de travailler la réputation du colonel, sculpter l’image d’un colonel qui a perpétré un coup de force. Passer sur le petit écran en tenue militaire coiffé d’un béret rouge pour discourir ou se taper un bain de foule sont des marqueurs qui servent à attester l’autorité et l’existence du nouveau détenteur du pouvoir. C’est faire exister « un lien organique politique et représentation » nous apprend l’anthropologue Marc Abélès (1997).

Kabinet Fofana


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