Le discours décapant du chef de l’État, lors de la remise du rapport concocté par la commission ad hoc, qui a piloté les travaux des assises nationales, initiées par les autorités de la transition, ne pourrait que refroidir davantage les rapports déjà tendus avec les frondeurs. C’est le moins qu’on puisse affirmer. Car en lieu et place d’un speech à l’eau de rose, le colonel Mamadi Doumbouya s’est lancé dans une diatribe, sans filtre contre ceux qui n’emboucheraient pas la même trompette que la junte. Comme quoi, le président serait loin de toute prédisposition consistant à descendre de son olympe.
C’est dans un palais archicomble que le président Mamadi
Doumbouya a livré son discours réponse à l’auditoire. En saluant d’entrée le
travail abattu par la commission ad hoc, dirigée par les deux chefs religieux
que sont Monseigneur Vincent Koulibaly et Elhadj Mamadou Saliou Camara. Dont la
tâche aura consisté à potasser les résultats de tous les panels effectués
durant ces assises, avec pour trame les graves violations des droits humains
enregistrées depuis 58 en Guinée. Tout en s’engageant en creux, de prendre les
recommandations contenues dans ce fameux rapport, au pied de la lettre.
C’est d’ailleurs cette sortie du colonel qui aura passé la
rampe, durant cette cérémonie solennelle. Avec la mise en relief de son refus
d’abdiquer, face aux vieux réflexes, mûs par un conservatisme antédiluvien.
Qui, à en croire le président de la transition, constitue un frein au décollage
de notre pays. Car ‘’aucun développement n’est possible sans justice et sans
surtout la lutte contre la corruption’’, a-t-il martelé, dans la même veine.
Le colonel va clore son emphase par cette punch line, je
cite : « les problèmes sont guinéens, et les solutions le seront aussi ».
Ce discours d’un homme au-dessus de ses grands chevaux, ne
pouvait qu’alimenter la chronique dans la cité. Avec des oracles qui prédisent
déjà l’échec de la médiation. En ce sens que les propos du colonel président
pourraient doucher les maigres espoirs sur lesquels une bonne partie de
l’opinion était jusque-là accrochée, pour une sortie de crise.
Même si pour le moment, le médiateur Thomas Yayi Boni
demeure impassible, malgré cette sortie, qualifiée de hasardeuse par certains
observateurs. Avec la foi du charbonnier de cet ancien président, qui ne cesse
d’exhorter les religieux à prier pour la Guinée. Preuve qu’il croit en la main
de Dieu.
Mamadou Dian
Baldé