Le mariage de la carpe et du lapin (l’Editorial de Mamadou Djan Baldé)

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  • 11 mars 2022 08:40

  • Politique

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L’épouvantail de la rue, agité récemment par une flopée de partis politiques, contre la gestion cavalière de la junte, pourrait être perçu comme les prémices de la fin de l’idylle entre la classe politique et le CNRD, qui avait l’air d’un mariage de la carpe et du lapin.

Les politiques qui annoncent ainsi la fin de la trêve avec les autorités de la transition, voudraient profiter de cette nouvelle dynamique, pour freiner des quatre fers sur les réformes engagées par la junte. Une junte que les signataires de cette déclaration pressent de débarrasser le plancher, pour faire la place à un pouvoir civil démocratiquement élu. Qui pourrait remettre le pays à l’endroit. A moins que ce ne soit là, une simple vue de l'esprit.

Le ton corrosif de cette déclaration émanant d’une cinquantaine de partis politiques, dont l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et l’UFR de Sidya Touré trahit la colère de la classe politique.

Pour justifier ce brusque changement de pied, ces acteurs politiques qui avaient pourtant adoubé le CNRD, tombeur de leur bête noire, Alpha Condé, pointent du doigt une « vision unilatérale du CNRD dans la conduite de la transition et des affaires publiques ».

Des complaintes qui touchent aussi leur prétendue exclusion de la transition. Faute d’un cadre de dialogue où ils pourraient exprimer leur point de vue, ou vider leur sac, éventuellement.

Les autres griefs portés par cette aile dure de la classe politique sont entre autres ce qu’elle qualifie de « violation de la charte » par la junte, qui se défausserait sur le CNT pour la définition du chronogramme sur la durée de la transition. La non publication de la liste nominative des membres du CNRD.

Sans oublier la CRIEF, cataloguée en « instrument de règlement de compte ».

Last but not least, les signataires de la déclaration déplorent l’atonie dans la gestion des crimes de sang, commis sous l’ancien régime.

Autant de récriminations qui poussent dorénavant Cellou et ses pairs, à avoir la tête près du bonnet. Et à ne plus ronger leur frein.  

Tout ça, sent le roussi. En attendant de savoir par quel bout le CNRD pourrait prendre ces menaces, certains observateurs pensent que les deux camps ont encore la possibilité de se garder d’en venir au clash. Ce qui supposerait des concessions de la part de chacune des parties.

Au CNRD de jeter le masque, pour que les Guinéens découvrent les visages de ses membres. Tout en dévoilant ses intentions relatives à la conduite de la transition, en termes de durée.

Quant à la classe politique, elle aura tout à gagner dans la réussite de cette transition, qui constitue une ultime chance pour notre pays de sortir des sentiers battus. Pour être dans les clous de la normalité. Vouloir pousser mémé dans les orties, en réclamant à cor et à cri le départ précipité du colonel Doumbouya, sera simplement faire un appel d’air à des soudards, comme on en a déjà connus. Un remake du sombre passé de la Guinée.    

Mamadou Dian Baldé

 

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