Ils l’ont fait! La
coupe est pleine de thiéboudiène*! Même s’ils étaient attendus parmi les
favoris de cette 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations, les Lions de la
Téranga ont fait quelque peu douter leurs supporters dans un premier tour où
ils ont juste assuré le service minimum, avec une victoire et deux nuls, ils
ont battu les Pharaons d’Egypte par 4 tirs au but à 2, après un match nul et
vierge. Mais au fil de la compétition, à l’instar de leur prodige casamançais,
le virevoltant Sadio Mané, l’équipe Sénégalais retrouve fière allure.
Crinière au vent, les «Gaindés*» ont sorti griffes et crocs pour dévorer des
proies qui ont fait les frais de l’appétit d’ogre des Sénégalais, qui, pour qui
la troisième finale est la bonne.
Désormais, après avoir gravi, non sans peine, la pyramide
égyptienne, les joueurs d’Aliou Cissé, ont réussi à accrocher à la tunique
verte, la première étoile de champion d’Afrique. Si le coach n’a pas réussi à
le faire en tant que joueur, il vient de réaliser ce rêve avec ses dreadlocks
fétiches de sélectionneur, à la tête d’une meute de Lions qui avaient très
faim. Et dans ce match épique, entre Lions et Pharaons, se jouait un autre
match entre des partenaires de club, le sénégalais Sadio Mané et l’Egyptien
Mohamed Salah.
A Liverpool en Premier League anglaise, les deux magiciens
africains du ballon rond marquaient dans le même but. Cette fois-ci ils étaient
l’un contre l’autre et avaient le même ascendant dans leurs équipes respectives
mais ne bénéficiaient pas de la même qualité de collectif. L’Egypte, jouant
admirablement avec le mental, a peu joué se contentant du minimum syndical.
Certes, les Pharaons ont souqué ferme pour atteindre cette finale, auréolée
d’une victoire contre les Lions Indomptables du Cameroun, les hôtes de la CAN
2021, qu’ils ont écartés en demi-finale, même si les deux équipes ont été
départagées par les tirs au but.
Assurément, la nuit sera longue dans les rues de Dakar,
Tambacounda, Bambali, Ziguinchor, tandis que sur les bords du Nil où le goût de
fiel des défaites sera de mise, le calme plat règnera. Pour sa 8e étoile,
l’Egypte, pays qui a déjà célébré 7 noces avec Dame Coupe devra attendre la
prochaine CAN. Peut-être sur les bords de la Lagune Ebrié, la Côte d’Ivoire
devant accueillir, en principe, la grande fête du foot africain en 2023.
Et pendant que ses joueurs célébraient cette première étoile
en se hissant sur le toit de l’Afrique, le chef de l’Etat sénégalais, Macky
Sall, lui, prenait des mains du Congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo,
le témoin de la présidence tournante de l’Union africaine. C’était à
Addis-Abeba, dans un sommet où l’organisation continentale réunissait pour son
35e sommet, les têtes couronnées du continent. Au même titre que les Lions de
la Téranga qui ont dû sorti les tripes pour rentrer à Dakar avec le graal,
cette présidence de l’UA sera loin d’être un fleuve tranquille pour Macky Sall.
En tout cas, pour se donner un peu plus de temps, la patate
chaude du statut d’observateur octroyé à Israël mais contesté, et qui
annonçait, pour ce sommet qui a baissé les rideaux ce dimanche, un débat
houleux et l’étalage au grand jour d’une division entre les pays africains, a
été, habilement refilée à un «comité» composé de 7 pays. Mais, le successeur du
président de la République démocratique du Congo (RDC), n’en sera pas moins
confronté à des sujets les uns aussi brûlants que les autres.
En effet, si l’Afrique continue de faire face au Covid-19 et
sa kyrielle de variants dont le dernier né, l’Omicron, frappe aussi vite que
l’éclair, alors que le manque de vaccin reste criard sur le continent, les
coups d’Etat et l’éternelle mal gouvernance qui sévit dans les Etats africains.
Sans oublier l’installation des troupes paramilitaires, et la prolifération de
mercenaires sur le continent noir, sont, certainement une garantie de nuits
blanches pour un Macky Sall, déjà bien malmené par les problèmes domestiques,
par la montée de ses opposants qui viennent de faire main basse sur les
élections locales dont ils ont profité des municipales pour arracher des villes
clés, comme Dakar, Ziguinchor, Diourbel, et Kaolack, pour ne citer que
celles-là. A l’international, Macky Sall ne sera pas moins assailli par les
soucis que constitue cette contagion de coup d’Etats qui menace le continent.
Alors que les rideaux tombaient sur cette rencontre au
sommet de l’UA dans la capitale éthiopienne, pas moins de cinq pays du
continent vivent en mode kaki. Si quatre, notamment le Soudan, le Mali, la
Guinée et le Burkina Faso ont connu des coups d’Etat dans leur forme de tous
les temps, avec l’arrestation du chef de l’Etat en fonction et, dans certains
cas, de sa démission par lettre dûment, par lui, signée, le Tchad dirigé par
les militaires, n’a pas suivi le modus operandi classique. Mais le résultat
demeure le même, car le pays est également entre les mains des généraux, avec à
leur tête, Mahamat Idriss Deby le fils du Maréchal Idriss Deby Itno, mort, de
source officielle, le 20 avril 2021 au front.
L’UA, devra vite, au lieu de rester dans ces sempiternelles
condamnations et prises de sanction, mettre fin à l’hémorragie des putschs
militaires, mais aussi à ces charcutages de constitutions qui aboutissent,
souvent dans le sang, à des troisièmes mandats et présidence à vie, si
affinités. Comme quoi, Macky Sall ne vivra pas une présidence de l’UA tout
repos.
En attendant, le chef de l’Etat sénégalais doit pouvoir
savourer, avec les Lions de la Téranga, ce premier trophée décroché de haute
lutte à la CAN 2021.
W S