L’ancien Premier ministre Dr Kassory Fofana et ses coaccusés se seraient finalement résolus à changer de ligne de défense, dans le bras de fer judiciaire qui les oppose au Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), M. Aly Touré. En acceptant de ravaler son orgueil pour comparaître devant les juges d’instruction de la Crief ce mardi, le trio ministériel met ainsi la chance de son côté, dans la perspective d’une mise en liberté provisoire. Ce tête-à-queue qui n’avait que trop tardé, aux yeux de certains observateurs avertis, pourrait contribuer à desserrer l’étau judiciaire sur Kassory, Dr Diané et Oyé Guilavogui. Là où les effets de manche et les rodomontades de leurs avocats n’ont pas infléchi la détermination du procureur Aly Touré.
La mise sous mandat de dépôt du Premier ministre Kassory
Fofana le 06 avril dernier avait provoqué un électrochoc dans le landerneau
politique. C'était une première de voir un éléphant de cette taille derrière
les barreaux. Certains apprentis sorciers avaient pensé que le ciel allait nous
tomber sur la tête. Considérant cette arrestation de celui qui venait à peine
d’être investi comme l’héritier putatif du président Alpha Condé, à la tête du
RPG, comme un crime de lèse-majesté. Mais rien n’y fit. Car en lieu et place de
l’apocalypse, tant chanté par ses aficionados, c’est juste un groupuscule de
personnes qui avait rué dans les brancards. Avant que tout ce boucan ne retombe
comme un soufflé.
Laissant la fournée ministérielle à son triste sort dans
l’univers spartiate de la prison de Coronthie. Qui détonne avec leur confort de
vie habituel, dans des villas cossues au décor insolent.
Un mois derrière les barreaux dans les geôles guinéennes, a
de quoi faire rendre les armes au plus opiniâtre des homos politicus. Même si
on est loin des camps de concentration du premier régime, où des détenus
périssaient de diète.
Maintenant que Dr Kassory et ses coaccusés semblent
redescendus sur terre, on ne peut que croiser les doigts pour eux. Afin que
leur comparution devant les magistrats de la Crief ce mardi, aboutisse à un
épilogue favorable. Comme ce fut le cas pour l’ancien ministre des
Hydrocarbures, Zakaria Coulibaly, incarcéré au même moment qu’eux. Mais qui a
bénéficié d’une remise en liberté sous caution. Idem pour Lounsény Nabé, ancien
gouverneur de la BCRG, qui a aussi regagné ses pénates, suite à un arrangement
financier. De quoi faire des émules dans les rangs de ces prisonniers de « luxe
», accusés de détournement de deniers publics, de blanchiment d’argent et de
complicité.
Mamadou Dian Baldé