Les propos va-t-en-guerre de l’ex président de l’Assemblée nationale ont fini par hérisser le poil de la junte. Et c’est à un violent retour de manivelle que les anciens pontes du régime déchu devront dorénavant faire face. Au premier rang desquels se trouve Amadou Damaro Camaro, contraint de déménager au pied levé par le CNRD, de sa résidence de la Minière. Cet apparatchik de l’ancienne majorité présidentielle vient d’apprendre sans doute à ses dépens, qu’à force de vouloir réveiller le chat qui dort, on se fait dévorer.
Dire que les anciens dignitaires du régime déchu sont dans
l’œil du cyclone, n’a rien d’un euphémisme.
En effet, la chape de plomb qui commence à s’abattre sur
eux, en dit long sur la volonté de la junte de ne pas se laisser surprendre par
des menaces, émanant de l’ancienne classe dirigeante. Une classe dirigeante
dont le pouvoir de nuisance ne serait pas à minimiser. Étant suffisamment
nantie de moyens matériels et financiers énormes, susceptibles de compromettre
la bonne marche de la transition, à en croire ses contempteurs.
Ainsi, après une période de flottement, qui avait permis à
Amadou Damaro Camaro, le boutefeu du RPG arc-en-ciel, de s’engouffrer dans la
brèche, pour se fendre en récrimination contre les nouveaux maîtres du pays, c’est
désormais à la guerre comme à la guerre. C’est le moins qu’on puisse dire.
De quoi donner raison aux observateurs qui pensent que les
lieutenants d’Alpha Condé avaient, de par leur défiance, franchi le Rubicon, et
de surcroit, ouvert la boîte de pandore.
Et c’est du tac au tac que le colonel Mamadi Doumbouya,
avait répliqué aux caciques du RPG, soupçonnés de velléités subversives.
Au cours d’une rencontre destinée à remettre les pendules à
l’heure, le président de la transition n’avait pas manqué de remonter les
bretelles à la nomenklatura du pouvoir déchu.
Face au ton courroucé du colonel Doumbouya, toutes ces
fortes têtes, étaient rentrées dans leur coquille. Comme pour dire que la
patience a ses limites.
Même l’opinion qui avait d’ailleurs salué la tiédeur du CNRD
contre les membres du régime déchu, a fini par s’offusquer du comportement de
ces caciques.
Et à l’allure où vont les choses, il faut craindre que la
junte n’use de l’épouvantail de terreur, pour contenir les velléités.
Dans la foulée, le rouleau compresseur du CNRD semble avoir
pris une allure inexorable en direction des grosses huiles de l’ancien régime.
Toutes sommées de libérer les bâtiments publics qu’elles occupaient, parfois
depuis des lustres.
Une injonction à laquelle l’ancien président de l’Assemblée
nationale a obéi sous la contrainte, ce week-end. Mettant ainsi fin à un bail
emphytéotique de 75 ans, passé avec le patrimoine bâti public. C’est un Damaro,
hébété par cette mauvaise nouvelle, qui a quitté cette villa cossue, située à
la Minière, quartier résidentiel de la banlieue de Conakry. A la cloche de
bois, après 41 ans d’occupation.
Espérons que le CNRD va savoir raison garder, en agissant
dans les règles de l’art contre toutes les personnes en conflit avec la loi.
Pour ne pas fabriquer de faux martyrs. Et porter ainsi une ombre à son tableau
qui, pour le moment demeure très reluisant.
Mamadou Dian Baldé