Moins de France militaire pour davantage de France économique dans un
partenariat nouveau avec l’Afrique. Ainsi pourrait se résumer le deuxième
discours force d’Emmanuel Macron sur les relations entre la France et
l’Afrique, après celui de Ouagadougou, prononcé en novembre 2017 devant un
public essentiellement d’étudiants. Des jeunes burkinabè qui étaient plutôt
impressionnés, presque tétanisés, en son temps, par la verve facile et la
décontraction…déconcertante d’un jeune président qui a promis faire la
politique française autrement. Friand de ce genre d’exercice et en terrain
conquis à l’époque, Jupiter n’a eu aucun mal à vaincre et convaincre cette
jeunesse africaine alors que certains lui avaient prédit un sale quart d’heure
dans le temple du savoir de Zogona, un quartier populaire de la capitale
burkinabè qui porte aujourd’hui le nom de l’historien et politicien, Feu Joseph
Ki Zerbo.
Ce lundi, bien que jouant à
domicile, l’attaquant de pointe français qui s’est livré à «une discussion
d’avant-match avant de se déplacer sur le terrain», n’a pas pu vraiment
concrétiser les rares occasions qu’il a eues, le morceau étant visiblement
devenu trop coriace! Ceux qui attendaient du déjà vu ont trouvé juste, les
dribbles et lobs du Numéro 9 ayant été étudiés sous tous les angles par ses
adversaires. Il faut néanmoins reconnaître que le premier des Gaulois a réussi
à soulever, par moment, une partie du public par des pirouettes, dont il a seul
le secret. Désormais, un pré-carré français n’existe plus et les entreprises
«bleues» qui ont toujours évolué sur le continent noir en roue libre, seront
désormais en situation de concurrence comme leurs homologues locaux.
Les mots d’Emmanuel Macron avant
de descendre dans l’arène africaine, par le Gabon, l’Angola, le Congo
Brazzaville et la République démocratique du Congo (RDC) n’ont plus la même
résonnance que ces demandes de clarification que le président français
demandait, d’un ton paternaliste aux chefs d’Etat africains. Le contexte a bien
changé et le président français en est bien conscient! Les Africains, surtout
la jeunesse du continent croit dur comme fer au changement de paradigmes pour
instaurer désormais entre les anciens colons et le continent des relations de
partenariat gagnant-gagnant. Les départs forcés et précipités des forces
militaires du Mali et du Burkina constituent, si besoin en était encore, la
preuve de la volonté des Africains de passer à autre chose. De plus, la France
n’étant plus propriétaire d’un pré-carré africain, le président français pèsera
bien ses mots, lui qui a déjà pris les devants en énonçant moins de présence
militaire française en Afrique.
Du reste, la leçon est bien
appliquée au Niger où les partenariats sont diversifiés et où les militaires
français marchent dans les pas de leurs frères d’arme nigériens et non plus le
contraire. Toutefois, les pays africains, notamment ceux du Sahel, doivent se
mettre en relation avec des Etats et éviter de vivre des liaisons dangereuses
avec des groupes de mercenaires, quels que soient leurs pays d’origine. Ainsi,
les bœufs seront mieux gardés, non seulement entre la France et l’Afrique, mais
aussi entre le continent noir et n’importe quelle autre puissance qui aurait
pour objectif de s’accaparer les richesses nationales des Africains. Question:
Macron peut-il réellement enterrer la Françafrique? Rien n’est moins sûr, et ce
n’est pas pour rien que le locataire de l’Elysée, commence son périple africain
par le Gabon de El Hadj Omar Bongo, l’une des grandes figures de ce système
multiséculaire, qui survit à toutes les époques!
En tout cas, moins de France en
Afrique, aura pour conséquence de mettre les Africains, notamment les
gouvernants face à leurs incuries reconnues, ou tout au moins leurs
responsabilités. Et c’est en cela que Emmanuel Macron aura marqué des points
importants dans ce match qu’il se prépare à jouer en Afrique!