Le socio financement, un moyen indépendant au service des espaces culturels alternatifs
En faveur de l’avènement du libéralisme économique et
l’ouverture de l’espace public, de plus en plus d’organisations culturelles ont
vu jour dans les domaines des spectacles vivants, de l’écriture et de la
peinture. Les promoteurs de ces institutions culturelles pour la plupart
d’anciens artistes, réinvestissent le secteur culturel par la mise en place d’incubateurs
ainsi que d'espaces culturels dédiés à la production d'évènements culturels.
Pour la plupart privés, comment ces nouveaux acteurs
culturels financent-ils leurs activités ? Qu’en est-il du public qui pratique
ces plateformes ? ou encore en quoi ces nouvelles plateformes sont-elles une
alternative à la crise sanitaire qui affecte le secteur du spectacle ?
Bien qu’importante soit la part du budget national consacré au
ministère de la culture et du patrimoine historique, estimée au compte du Projet
de Loi de Finances rectificative 2O20 à 199.987.375 milliards de francs
guinéens, le secteur du spectacle vivant connait toutefois de nombreux
problèmes Qu’ils soient relatifs à l’organisation de concerts rendue quasiment
impossible d’une part, par le contexte économique difficile affectant en effet
le pouvoir d’achat du public, et d’autre, laquelle situation restée déterminée
par la crise sanitaire due au Covid-19.
S’il n’existe pas encore d’études sur l’impact de la crise
sanitaire sur le secteur du spectacle, il est cependant d’une évidence que le
secteur en souffre drastiquement. Malgré cet état de fait assez problématique, indubitablement,
une nouvelle catégorie d’institutions culturelles se met au gout du jour ;
proposant des méthodes alternatives aux financements publics, tout de même
rares. Devrons-nous nous en convenir ! C’est le cas des Studios Kirah ou
des Ateliers Solidaires. Lancés à travers des fonds propres, ces établissements
sont des initiatives de jeunes acteurs culturels pour la plupart reconvertis de
la musique urbaine, de jeunes gens du monde associatif ou de férues de la chose
culturelle. Ils proposent des mini-concerts aussi bien pour des artistes
confirmés que pour ceux en herbe. Pis, ils constituent un espace de réseautage
pour de jeunes artistes avec d’éventuels producteurs ou promoteurs culturels.
Son modèle de financement social associe aussi la participation à des appels à
projets culturels organisés par des ambassades et autres institutions internationales.
Si les financements des compagnies de téléphonie des
activités culturelles privées à travers le sponsoring, focalisent les concerts
grand public, les sociétés téléphoniques devraient dans le cadre de
joint-venture accompagner les acteurs culturels qui font aussi de la promotion
de jeunes artistes. Pour ces acteurs culturels d’un type nouveau ; les
promoteurs recourent de temps à autre à des prestations. D’une manière spécifique,
ils fonctionnent sur un modèle hybride, hébergeant des jeunes artistes
divers : ils sont des jeunes artistes incubés. Ce type de structure se
finançant par le biais d’une économie sociale, offre aussi un espace ludique a
un public qui ne soit pas en mesure de suivre des spectacles onéreux.
Dans la même veine ; d’autres établissements sollicitent
très souvent des levées de fonds auprès de la diaspora. La diaspora participe
généralement à financer le transport des livres. Collectés par l’entremise de
structures estudiantines animées par d’étudiants africains pour la plupart de France,
ces types de financement ont connu un grand essor depuis Conakry capitale
mondiale du livre. Implantés dans les quartiers populaires des régions à
l’intérieur du pays, ils promeuvent des jeunes artistes peintres dont le public
reste très cosmopolite parce que brassant d’autres jeunes artistes ainsi que de
simples fans. La viabilisation d’espaces abandonnés, l’usage des thèmes sur
l’immigration et la pratique du numérique par les jeunes est une façon de
sensibiliser les jeunes aux conséquences de l’immigration. Un tel discours
trouverait une bien meilleure résonnance aussi bien auprès des décideurs
publics que chez des organisations comme l’OIM et la Croix Rouge qui travaillent
sur la question migratoire, en effet que la Guinée constitue un pays
migratoire.
Le succès de ces espaces est en outre lié à l’usage du
numérique : les spectacles et autres évènements sont diffusés sur les
réseaux socionumériques très suivis par la diaspora et les jeunes – qui font le
plein des spectacles physiques. Ce qui est un véritable argumentaire commercial
pour les promoteurs des dites plateformes pour convaincre les grands artistes à
s’y produire. C’est aussi une alternative à la suspension des concerts et
autres activités culturelles à cause de la maladie du Covid-19. Et d’ailleurs
la monétisation des contenus sur les plateformes numériques dont Facebook et
Instagram rapporte énormément d’argent en effet de l’ampleur de l’intégration
des réseaux sociaux dans les habitus du public.
Cependant, si en faveur de la crise sanitaire, nombre
d’acteurs suggèrent l’investissement du Banking, le faible niveau de
bancarisation de la société guinéenne pose un problème à la matérialisation d’une
telle initiative. Toutefois, cet obstacle devrait se résoudre par l’utilisation
du service mobile money des sociétés téléphoniques qui prend de l’importance au
près des usagers du téléphone. En 2020, selon le rapport annuel d’activités de
l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications, « le nombre
d’utilisateurs des services financiers mobiles a été de 2,435 millions contre
2,039 millions, soit une progression de 19,4% ». Même si cela devrait
aussi être suivi par une campagne de sensibilisation du public au paiement
électronique des concerts. C’en est d’ailleurs de l’impérieuse nécessité que
l’Etat accroisse ses subventions en direction de ces établissements.
Kabinet Fofana