Les voies du seigneur sont insondables (l’Edito de Mamadou Djan Baldé)

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  • 23 février 2022 11:30

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L'inculpation, ce mardi, de MM. Ismaël Dioubaté et Tibou Kamara, respectivement ancien ministre du Budget et ancien ministre de l’Industrie et des PME, pour des faits de « complicité de blanchiment d’argent et de détournements de deniers publics », par la CRIEF, dans l’affaire dite Zenab Nabaya Dramé est un signe annonciateur de jours sombres pour les anciens barons du régime défunt. Pour démontrer que les blagues de mauvais goûts sont révolues dans le cadre de la moralisation de l’administration publique, Ismaël Dioubaté a été sur le champ, mis sous mandat de dépôt, en compagnie de Mme Eveline Fola Mansaré, DAF du département de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle, au moment des faits. Seul Tibou Kamara a pu regagner sa résidence, dans ce qui s’annonce comme le prologue d’une épreuve fatidique, pour ces anciens gestionnaires de la chose publique.

Dans sa croisade contre la corruption au sein de l’administration publique, la CRIEF ne veut pas aller de main molle. L’inculpation de deux anciens barons du régime déchu, ce mardi, pour des faits de « complicité de blanchiment d’argent et de détournements de deniers publics », au terme de plusieurs heures d’audition devant le Bureau du procureur de la CRIEF, constitue une entrée en matière fracassante pour le procureur Aly Touré et ses confrères.

Preuve que cette cour constituée de juges inexorables, est déterminée à frapper bille en tête, dans sa traque des biens mal acquis.

Cette affaire « Nabayagate », relative à un présumé détournement de plusieurs dizaines de milliards de francs guinéens, au département de l’Enseignement technique, par l’ancienne ministre Zenab Dramé, révélée au grand jour par la presse, avait été classée sous le régime défunt. Le gouvernement avait à l’époque fait bloc derrière la mise en cause, en parlant d’une cabale montée de toute pièce.

Outre Tibou Kamara, Ismaël Dioubaté et Eveline Fola Mansaré, plusieurs anciens dignitaires risquent de passer à la trappe de la CRIEF, à l’allure où va le train judiciaire.

Loin de nous toute intention de jouer les oiseaux de mauvaise augure, il va sans dire que l’incurie qui prévalait sous le magistère d’Alpha Condé ne plaide pas en faveur de ces commis de l’État. Encore moins, le train de vie digne des nababs du golfe de la plupart d’entre eux.

Il faut toutefois préciser qu’une inculpation n’est pas synonyme de culpabilité. Ce qui revient à dire que certaines personnalités citées à comparaître devant la CRIEF pourraient se tirer des griffes de la justice. Avec une dose de ténacité.

Tout dépendra des arguments qu’elles pourraient opposer à la cour, avec les conseils avisés de leurs avocats.

Le fait de voir tous ces pontes de la République, défiler à la barre de la CRIEF, vient rappeler à notre esprit que les « voies de dieu sont insondables ». Car avant le putsch du 05 septembre, même Nostradamus, ne pouvait deviner que le pouvoir d’Alpha Condé allait choir comme un château de cartes. Moins d’un an, après s’être offert un troisième mandat à la hache.   

Mamadou Dian Baldé

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