Banjul Pour boucler sa première tournée en Afrique, Macron II ne
pouvait pas ne pas prendre les nouvelles des juntes militaires au pouvoir au
Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Il a dû avoir des informations fraîches et
de première catégorie, avec le tout nouveau président en exercice de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) dont il a été
l’hôte durant 48 heures. De mercredi à jeudi, Emmanuel Macron et Umaro Sissoko
Embalo n’ont certainement pas manqué de sujets de discussion sur les colonels
putschistes malien, guinéen et burkinabè qui ont pris en otage, la démocratie
en Afrique de l’ouest. Si les trois cas présentent les mêmes symptômes de
l’épidémie de prise du pouvoir par les armes, le Mali, le Burkina et la Guinée
qui ont été consultés par les mêmes médecins, ne se sont pas vus appliquer le
même traitement.
Le patient Assimi Goïta ayant
développé une récidive, toute chose qui a compliqué son état, et lui a valu une
thérapie de choc, ceux qui nous gouvernent avaient été contraints, de lui
administrer une dose très, certains disent trop, forte de sanctions financières
et commerciales. Les soins, en cours depuis le 9 janvier ont été allégés parce
qu’ayant fait leur effet. Les autorités maliennes étant revenues à la raison en
écourtant de 5 à 2 ans la durée de la transition politique dans leur pays, les
sanctions donc été revues à la baisse, le 3 juillet à Accra au Ghana. Les
populations maliennes et leurs voisins ont alors poussé un ouf de soulagement.
Au Burkina Faso d’où il est parti juste pour recevoir son homologue français,
le successeur du Ghanéen Nana Akufo-Addo a rencontré un gouvernement de
transition, certes confronté à une double crise sécuritaire et humanitaire,
mais le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et l’ancien chef de
l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou s’étaient déjà entendus sur deux ans de
transition, à compter du 1er juillet.
Le colonel Mamadi Doumbouya, qui
venait de recevoir également la visite du pèlerin Embalo serait, lui aussi,
prêt à passer de 36 à 24 mois. Mais le président bissau-guinéen ne compte pas
s’arrêter en si bon chemin. Il se rendra au Mali, et il l’a promis à son
étranger venu de si loin pour apporter son soutien à ses partenaires africains
confrontés à des attaques terroristes au quotidien. Certains sont même en train
de tomber sous le charme de concurrents de la France, venus de la Russie, de la
Chine, de la Turquie, de l’Inde, etc. Et ce n’est pas du tout du goût de
Emmanuel Macron qui, tout en proposant les services de Paris sur le plan
militaire et du développement, n’a pas manqué de parler affaires avec ses
interlocuteurs, en vue de rattraper ce qui peut l’être encore, malgré l’appétit
vorace des nombreux courtisans d’une Afrique qui aimerait bien diversifier
désormais ses partenariats. En tout cas, mettre tous ses œufs dans le même
panier porte souvent malheur, car une chute peut survenir à tout moment et
bonjour les dégâts! Comment reprendre pied sur le continent noir adulé de
toutes parts? C’est le challenge de Macron II qui semble déjà avoir pris toute
la mesure du défi, lui qui offre aux Africains, une coopération basée sur de
nouveaux paradigmes.
Du reste, pour contrer les
velléités de coup d’Etat militaire, Umaro Sissoco Embalo a emballé tous ceux
qui ont en horreur cette manière de prendre le pouvoir, par son idée de
création d’une force anti-putsch. Si on ignore pour l’instant comment cette
force sera constituée et si elle interviendra en amont ou en aval des putschs,
il faut dire que ce serait également génial de penser à mettre en place une
force anti-charcutage des constitutions et une autre anti-mal gouvernance pour
décourager tous ces chefs de l’Etat démocratiquement élus qui musellent par la
suite leurs peuples et s’ouvrent des présidences à vie en commençant par le
fameux 3e mandat anticonstitutionnel.
En attendant de faire le point de
sa pêche africaine, Emmanuel Macron, à peine ses valises déposées, était déjà à
la cuisine pour recevoir à dîner ce jeudi, un hôte bien encombrant que les
mouvements de défense et de protection des droits humains auraient voulu voir
ailleurs que dans les salons de l’Elysée. En effet, le président français a
dans ses murs le prince saoudien, Mohamed ben Salmane, plus connu sous les
trois lettres de MBS, accusé, entre autres, d’être le commanditaire de
l’assassinat ignoble du journaliste Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018 au
consulat de l’Arabie Saoudite à Istanbul en Turquie. Notre confrère a subi une
mort affreuse son corps ayant été dépiécé, coupé en morceaux et plongé dans de
l’acide. Bien embarrassant comme visiteur non? Bon, Emmanuel Macron est assez
grand pour choisir ses fréquentations en tant que président d’un pays dit des
droits de l’homme! Et après on s’érige en donneur de leçon pour les Africains
pour qui, comme l’a dit l’autre, la démocratie est un luxe!