C’est un ministre de la Justice très en colère qui s’est adressé aux agents de la garde pénitentiaire de la maison centrale de Conakry. Revenu fraîchement de l’étranger où il suivait un traitement, Alphonse Charles Wright a débarqué à la maison centrale, théâtre d’une évasion spectaculaire le weekend passé. Ce qui a provoqué l’ire du garde des sceaux, c’est la vidéo de Claude Pivi, toujours en cavale, détenant 4 téléphones à la maison centrale. Un endroit où il est interdit aux détenus d’en posséder un. C’est à la garde pénitentiaire de procéder aux fouilles et d’empêcher les détenus de détenir des téléphones.
Voici un extrait de l’ire de Charles Wright :
« Qu’est-ce que je vous ai dit à propos des téléphones ?
C’est vous qui fouillez ça veut dire que si on réussit à faire rentrer des
téléphones portables ici, ça veut dire que votre raison ici c’est quoi ?
Expliquez-moi. Vous voulez que je quitte mon bureau pour venir m’arrêter ici ?
Je vous ai dit quoi à propos des téléphones portables ? Qu’est-ce que moi je
vous ai dit ? Pivi avait 5 téléphones portables…
Avec un téléphone portable, à partir d’ici je peux
commanditer tout ce que je veux dans ce pays. Parce que le téléphone portable
c’est un moyen de communication et d’action. Si on met quelqu’un en prison,
c’est d’abord pour ne pas qu’il soit en contact avec ses coauteurs. C’est
pourquoi on retire le téléphone. S’il peut être avec le téléphone, sa raison
d’être détenu n’est pas justifiée, alors pourquoi il peut être là ? Cinq
portables devant lui, cinq téléphones portables devant lui. Où est tu, toi
régisseur adjoint ? Où est Mamadi ? Où vous êtes dans tout ça ? Ou bien moi je
dois quitter mon bureau tous les matins et que je vienne ici ?
Ce monsieur qui est là-bas (il fait allusion au Colonel
Mamadi Doumbouya), il est parti vers la mort. Il ne sera jamais aimé. Mais,
est-ce qu’il l’a fait pour lui-même ? C’est pour nous tous…
Les téléphones portables passent ici comme si nous étions au
marché. Finalement, on dit que monsieur le ministre est difficile, il est
difficile. J’ai tout fait pour vous ici. Quand je ne suis pas au pays, on
pagaille ; quand je ne suis pas là, on pagaille. C’est normal ça ? Tous
les jours, j’appelle. C’est comme si je m’inquiétais. Tous les jours, je suis
ce ministre qui est chaque fois sur le terrain. Je parle beaucoup. Puisque
quand je prends, je ne laisserai pas.
Vous avez fait ce que vous avez voulu faire. Dieu a son
propre secret, son propre calendrier. Mais, on est là. La mort, c’est une seule
fois. Vos éléments d’agissements me prouvent à suffisance que je n’ai plus
confiance en chacun de vous ici. C’est terminé, c’est fini… »
Alpha Mamadou Diallo