La Mission des Nations unies au Mali (Minusma) a publié mercredi sa note trimestrielle sur les atteintes aux droits de l'homme, pour la période allant du 1er avril au 30 juin 2022. Quelque 682 incidents sécuritaires répertoriés en trois mois, 317 civils tués et 73 enlevés ou disparus. Selon le rapport onusien, ce sont les groupes terroristes jihadistes qui sont les principaux auteurs. L'armée malienne est les groupes d'autodéfense sont également pointés du doigt.
Les groupes jihadistes, à savoir la branche sahélienne du
groupe État islamique et les différentes composantes du Jnim, le Groupe de
soutien à l'Islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda, sont responsables de 64%
des victimes entre avril et juin 2022. Les forces armées maliennes de 26%.
La note de la Minusma revient sur une série d'évènements.
Comme l'attaque de Diallassagou, région de Mopti. Attaque menée fin avril par
la Katiba Macina du Jnim. L'armée malienne avait fait état de 132 civils tués.
Un chiffre que la Minusma ne confirme pas, « aucun vestige de corps humain »
n'ayant été retrouvé. Les enquêteurs onusiens rapportent en revanche
l'enlèvement, ce jour-là, de 36 personnes, soupçonnées par les jihadistes
d'être des chasseurs traditionnels dozos, qui les combattent.
A Ménaka, des « dizaines de milliers » de déplacés ont fui
les attaques du groupe État islamique, qui contrôle les trois quarts de la
région. La Minusma évoque « plusieurs dizaines » de civils tués sur la période.
Certaines sources évoquent de 300 à 700 morts depuis le mois de mars.
Peu d'attaques dans la région de Tombouctou, mais de
nombreux villages y sont, selon la note onusienne, soumis au diktat des
jihadistes : obligation de payer la zakat [une aumône inscrite dans le Coran,
ndlr], fêtes interdites, voile noir obligatoire, et punitions corporelles en
cas de non-respect. Au total, dans le pays, les groupes jihadistes ont tué 200
personnes entre avril et juin 2022.
Baisse des violences
de l'armée malienne
En ce qui concerne l'armée malienne, la Minusma relève une «
baisse significative » des violences, mais dénombre tout de même 96 civils
tués. « Exécutions, actes de torture, arrestations massives »... Les enquêteurs
citent plusieurs opérations militaires : à Boron dans la région de Koulikouro,
à Zanankoro dans la région de Ségou, ou encore à Hombori dans la région de
Mopti.
Cette dernière opération a été menée en avril par les
soldats maliens « accompagnés de personnel militaire étranger », une manière de
désigner les supplétifs russes de l'armée malienne. À Hombori, « plus de 50
civils ont été tués et plus de 500 arrêtés », dont certains auraient ensuite
été torturés et exécutés, selon les éléments rassemblés par la Minusma.
Le rapport onusien indique également être sans nouvelles de
certaines personnes arrêtées par les Fama dans le pays et détenues, par
exemple, dans le camp d'Alatona, région de Ségou. L'armée malienne, dans ses
communiqués, rejette systématiquement les accusations d'exactions qui la visent,
mais assure ouvrir des enquêtes pour chaque cas.
Radio France Internationale
(RFI)