Le Mali a connu vendredi une nouvelle journée sanglante avec
deux attaques, l’une contre un poste militaire dans le Centre, qui a fait six
morts, et l’autre contre une position temporaire de l’ONU au Nord, qui a fait
15 blessés.
L’attaque d’un poste militaire dans le village de Boni
(Centre) a fait six morts parmi les soldats et un blessé. Dix soldats maliens
avaient déjà été tués en février dans ce même village.
Les troupes ont « vigoureusement repoussé » des « attaques
simultanées » menées dans ce village vendredi après-midi, ont indiqué les
Forces armées maliennes sur leur page Facebook.
Plus tôt dans la journée, 15 Casques bleus des Nations
unies, allemands pour la plupart, ont été blessés dans le nord du pays dans une
attaque au véhicule suicide contre une position temporaire.
Trois des 12 Casques bleus allemands touchés sont grièvement
blessés, a précisé la ministre allemande de la Défense, Annegret
Kramp-Karrenbauer. Deux d’entre eux sont dans un état jugé stable tandis que le
troisième a été opéré. Tous les blessés ont été évacués de la zone par hélicoptère,
a-t-elle ajouté.
Un avion est attendu dans la nuit à Gao, la grande ville
proche, pour emporter samedi matin les plus grièvement blessés.
Un soldat belge a également été blessé, a rapporté le
ministère belge de la Défense. Il a reçu les premiers soins sur place avant
d’être transporté dans un hôpital.
La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a fait état de quinze
blessés dans cette attaque au véhicule piégé menée tôt contre une base
temporaire près du village d’Ichagara.
La Minusma avait établi là une position depuis jeudi, le
temps de sécuriser une opération de remorquage d’un véhicule de la mission, a
indiqué une porte-parole de la mission. Le véhicule à remorquer avait été
endommagé jeudi par l’explosion d’un engin explosif artisanal.
L’engin avait explosé au passage d’un convoi de la Minusma
qui escortait le déploiement d’un bataillon dit « reconstitué » de l’armée
malienne, c’est-à-dire intégrant d’anciens rebelles ayant combattu les forces
régulières dans le nord avant la signature d’un accord de paix en 2015, a
indiqué une source sécuritaire internationale.
Cible d’attaques
Depuis 2012 et le déclenchement de rébellions
indépendantiste et jihadiste dans le nord, le Mali est plongé dans une
tourmente multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants,
malgré le soutien de la communauté internationale et l’intervention de forces
de l’ONU, africaines et françaises.
Les indépendantistes ont signé un accord de paix en 2015.
Mais le Mali reste en proie aux agissements des groupes liés à Al-Qaïda et à
l’organisation État islamique, aux violences intercommunautaires et aux trafics
en tous genres. Les violences se sont propagées au Burkina et au Niger voisins.
La Minusma, forte d’environ 18.300 personnes, dont 13.200
militaires, est régulièrement la cible d’attaques, comme les forces maliennes
et françaises. C’est la mission la plus meurtrière pour l’ONU dans le monde.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a
condamné « l’attaque ignoble d’aujourd’hui (qui) souligne une fois de plus
combien il est important que nous nous opposions aux terroristes ».
La France, qui déplore la mort de 50 soldats dans la région
depuis 2013, « condamne avec la plus grande fermeté l’attaque (..), réaffirme
son plein soutien à la Minusma, qui exerce un rôle essentiel pour la stabilisation
du Mali » et « salue l’engagement des pays qui y contribuent », a également
déclaré le ministère français des Affaires étrangères.
Après plus de huit ans d’engagement, le président Emmanuel
Macron a annoncé en juin une réduction future de la présence militaire
française au Sahel, avec la fermeture de bases et une réarticulation de la
lutte antijihadiste autour d’une alliance internationale associant des
Européens.
« La France demeure auprès de l’ensemble de ses partenaires
au Sahel pour lutter contre le fléau du terrorisme », a toutefois insisté le
Quai d’Orsay.
Elle avait précédemment suspendu ses opérations conjointes
avec les forces maliennes à la suite d’un nouveau coup de force des militaires,
le deuxième en neuf mois, faisant du colonel Assimi Goïta le président de
transition.
L’engagement français au Mali suscite régulièrement des
expressions ou des manifestations hostiles, généralement limitées et souvent
doublées d’appels à une intervention de la Russie.
Source : Jeune
Afrique