Le médiateur de la Cédéao, Goodluck Jonathan, est arrivé hier, mardi 25 mai dans l’après-midi, à Bamako pour tenter de débloquer la crise provoquée par le nouveau coup de force des putschistes du mois d’août 2020. Des discussions ont commencé dans la soirée d’hier mardi, à Bamako, entre Goodluck Jonathan et sa délégation d’un côté, et de l’autre, des membres de l’ex-junte.
La rencontre avait un côté solennel selon un témoin. Le
vice-président, le colonel Assimi Goïta, a pris la parole pour un plaidoyer pro
domo. Il a repris les grandes lignes de son communiqué publié après
l’arrestation du président de la transition et de son Premier ministre.
Il a contre eux un chapelet de griefs. Par exemple, le fait
de ne pas avoir été consulté avant le remaniement ministériel – ce qui pour lui
constitue une violation de la charte de transition… Il a également abordé la
question de la crise sociale qui, toujours selon lui, ne trouvait pas de
solution. Et les responsables en sont le président Bah N’Daw et son Premier
ministre Moctar Ouane qui ont été placés « hors de leur prérogatives » hier,
mardi 25 mai.
Après l’avoir écouté attentivement, la délégation conduite
par Goodluck Jonathan a clairement évoqué la possibilité pour l’institution de
la sous-région de prendre des sanctions contre notamment des militaires lors
d’un prochain sommet ad hoc de la Cédéao. Les militaires impliqués dans ce
dernier coup de force sont proches du Comité national pour le salut du peuple,
à l’origine du coup d’État du 18 août 2020. Les Européens, qui ont « condamné
avec la plus grande fermeté l’arrestation du président du Mali et de son
Premier ministre », selon le président Macron hier, lors de leur sommet,
pourraient très rapidement suivre dans la prise de sanctions.
Ce premier rendez-vous s’est terminé tard dans la nuit. Et
ce mercredi, une rencontre est prévue entre la même délégation et le président de
la transition et son Premier ministre écartés hier. Le président Bah Ndaw
veut-il rester au pouvoir ? Jeter l’éponge ? Ce qu’il dira sera décisif pour la
suite des discussions avec les militaires et pour une sortie de crise.
Dans quel état
d’esprit se trouvent les responsables de la junte ?
Le vice-président Assimi Goïta, chef de l’ex-junte, dort
très peu depuis lundi, jour de l’arrestation par ses hommes du président et de
son Premier ministre. Son agenda chargé est tenu par son plus proche
collaborateur, le capitaine Demba N’Daw, directeur de cabinet avec rang de
ministre. C’est généralement cet homme discret qui lui passe au téléphone les
nombreuses personnalités étrangères qui souhaitent avoir des nouvelles de la
situation.
D’après nos informations, le colonel Assimi Goïta s’évertue
à rassurer les uns et les autres sur ses intentions : notamment l’organisation
des élections générales en 2022 comme prévu. Certains interlocuteurs le
croient, d’autres sont sceptiques.
Deux autres figures de l’ex-junte sont très actives. Il
s’agit de L’ancien ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara et de
l’ex-ministre de la Sécurité Modiko Koné, éjectés du gouvernement lors du
dernier remaniement. Avec le colonel Malick Diaw, président du Conseil national
de transition, ces officiers veulent se montrer sereins face à la situation et
unis face aux Maliens et à la communauté internationale. Des conseillers civils
fournissent des éléments de langage pour les visiteurs. Ces hauts gradés de
l’ex-junte comme d’autres, ont un autre souci, c’est de maintenir la cohésion
au sein des troupes.
Avec RFI