Mali: et si les militaires mettaient fin à la diversion?

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  • 15 mai 2023 09:12

  • Politique

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Le rapport onusien détaillé et conçu sur des témoignages de groupes et individuels, et des images satellitaires, est accablant pour les militaires maliens et des combattants étrangers. Ceux-ci seraient les auteurs du massacre de 500 personnes au moins, dont une vingtaine de femmes et sept enfants, selon le rapport bien fouillé de l’ONU, sur les événements macabres dont le village de Moura, au Mali, fut le théâtre en mars 2022. L’horreur avait soulevé stupeur et indignation, non seulement au sein des Maliens endeuillés au quotidien par les attaques terroristes, mais aussi au niveau de la communauté internationale. Les autorités maliennes qui avaient promis des investigations et la lumière sur cette tuerie de masse, sont restées atones et aphones, alors qu’elles ont retrouvé leur verve et leur fiel habituels pour contester le rapport documenté à souhait de l’ONU.

Et comme à l’accoutumée, à court d’argument parce qu’ayant fait l’option de la propagande son mode privilégié de gouvernance, la junte malienne rejette les chiffres de l’ONU et accuse le modus operandi de prise d’image par satellites qui a également servi à crédibiliser les enquêtes de l’institution internationale pour rendre son rapport inattaquable. Mais il en faut visiblement plus pour décourager la junte qui continue de s’empêtrer dans le dilatoire au lieu de prouver qu’aucun «ressortissant civil de Moura n’a perdu la vie» et que «parmi les morts, il n’y avait que des combattants terroristes».

Tous les Maliens auraient applaudi des mains et des pieds l’armée malienne et ses supplétifs étrangers, s’ils avaient réellement débarrassé les populations meurtries, de 500 terroristes. Ce qui conforterait, du reste, la «montée en puissance» des Forces armées maliennes (FAMa) criée sur tous les toits par le colonel Assimi Goïta et ses lieutenants. Sans doute que, même l’ONU, dont le Mali est un membre à part entière, et non un membre entier à part comme est en train de le faire devenir la junte, aurait tressé des lauriers au pouvoir kaki de Bamako, bien que celui-ci se soit érigé en champion dans la diversion. Tout porte à croire que la junte se satisfait de la portion congrue du «Mali ba»-le grand Mali- qu’elle dirige, à l’abri des regards portés sur la démocratie et le respect des droits et libertés des populations.

D’ailleurs, dans la chasse qu’elle a ouverte contre la presse nationale et internationale et les ONGs qui peuvent contredire sa campagne de propagande, malheureusement suicidaire pour le peuple, c’est un secret de polichinelle, la prochaine cible de la junte, semble bien être l’ONU, à travers la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Donc la publication de ce rapport est visiblement du pain béni pour les militaires dont l’envie de casser du «casque bleu» afin de vivre le grand amour avec leurs partenaires russes, ne fait plus l’ombre d’aucun doute.

Certes, nul ne saurait imposer à un pays souverain, encore moins au Mali de Soundjata Keïta, ses choix politiques et de partenaires extérieurs. Seulement, quand ces fameux partenaires, sont désignés par la communauté internationale comme des éléments du groupe de sécurité privée russe Wagner accusés de nombreuses exactions dans tous les pays où ils s’implantent, il y a de quoi craindre pour la vie des Maliens et Maliennes. Qui plus est, la stabilité, la paix et la cohésion sociale de la sous-région ne cessent de se dégrader, compte tenu des options du Mali en matière de coopération internationale. De plus, alors que les populations maliennes continuent de souffrir des attaques terroristes de militants armés dont ceux de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) qui font la loi sur la majorité du territoire malien et opèrent et menacent désormais tout le Golfe de Guinée, il y a bien de quoi crier haro sur le baudet et sauver ce qui peut encore l’être de la quiétude des populations dans la sous-région. La junte au pouvoir au Mali doit donc, courageusement, faire face à la réalité au lieu de seriner, à tout moment sa chanson préférée de «tentative de désinformation et de déstabilisation», de «complot militaire», d’«espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat», etc., dont les auteurs «sont passibles de la peine de mort».

L’épouvantail des menaces à tout vent agité par la junte militaire n’effraie plus, car frisant trop le ridicule. Il urge plutôt, pour l’Afrique de l’ouest, de mettre les forces militaires et de développement ensemble, pour bouter les assaillants hors du territoire malien et songer à rendre le pouvoir aux civils après des élections ouvertes que la junte militaire a promises pour février 2024. Le peuple malien et ses voisins unis par des liens séculaires d’entente, méritent enfin de respirer l’air de la liberté et de la paix! Et ça, la junte militaire malienne doit en prendre sérieusement conscience.

WS

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