La lutte contre l’esclavage progresse en Mauritanie où cette pratique est assimilée à un crime contre l’humanité dans la Constitution. C’est le constat fait par le rapporteur spécial des Nations unies chargé des formes modernes d’esclavage, Tomoya Obokata, qui vient de terminer, vendredi 13 mai, une mission de dix jours en Mauritanie. Mais le tableau doit être nuancé.
Durant son séjour, Tomoya Obokata a rencontré les autorités
et les associations de lutte contre l’esclavage. Au terme de sa mission, il a
affirmé que même si le pays fait des progrès en la manière, l’esclavage
persiste toujours en Mauritanie. Il fait le bilan de sa mission au micro de
notre correspondant à Nouakchott, Salem Mejbour Salem.
« Ma mission en Mauritanie avait pour but d’évaluer
l’exécution du plan national en matière de lutte contre l’esclavage et des
pratiques assimilées mises en œuvre, depuis des années, en Mauritanie. Mon
premier constat, au terme de mission, est que l’esclavage, la servitude et le
travail des enfants persistent encore dans le pays. La situation requiert un
engagement solide et sincère de tous: du gouvernement, de la société civile et
des partenaires de la Mauritanie pour éradiquer le phénomène de l’esclavage.
Ces pratiques sont désormais reconnues par les autorités. Le président de la
Mauritanie que j’ai rencontré, reconnait l’existence de l’esclavage. C’est un
point positif.
En 2015, une loi criminalisant les pratiques esclavagistes a
été votée par le Parlement et des tribunaux spécialisés ont été créés. Mais ces
tribunaux n’ont pas été dotés de moyens financiers suffisants pour un bon
fonctionnement. »
Dans l’attente d’avancées concrètes
L'ONG SOS esclavage se dit plutôt satisfaite. Joint par Lisa
Morisseau de la rédaction Afrique, El Kory Sneiba, porte-parole de
l'association, considère la visite du rapporteur spécial des Nations unies
comme un fait très important même s’il émet quelques réserves.
« En Mauritanie, il y a encore les formes traditionnelles
d’esclavage et nous appelons la Mauritanie à reconnaître, officiellement,
l’existence d’esclavage parce qu’ici, les pratiques les plus abjectes existent
encore, l’esclavage et notamment l’esclavage par ascendant où des hommes et des
femmes naissent esclaves, de père en fils. Nous avons pu échanger avec le
responsable onusien qui a été attentif à nos revendications, à notre analyse de
la situation de l’esclavage en Mauritanie et nous avons pu discuter de
l’ensemble de la problématique. Maintenant, nous attendons de voir. »
Radio France Internationale
(RFI)