Le Comorien Azali Assoumani, président en exercice de l’Union
africaine, le Sénégalais Macky Sall, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa et le
Zambien Hakainde Hichilema, flanqués du Premier ministre égyptien, du ministre
des Affaires étrangères ougandais, du chef de cabinet du président congolais,
tenteront de faire cesser la pluie de bombes que fait tomber l’ours russe sur
Kiev. Le Congolais Denis Sassou Nguesso, ne sera plus de la partie.
Paradoxe des paradoxes, la fondation de l’homme d’affaires Jean-Yves Ollivier,
initiatrice de cette médiation, porte le nom de « Brazzaville », la capitale du
Congo, dont Denis Sassou Nguesso est le président. Mieux, Denis Sassou Nguesso
se présentait comme un volontaire très déterminé pour cette contribution de
l’Afrique dans la résolution du conflit fratricide. C’est bien lui qui a
affirmé que « l’Afrique ne peut pas rester silencieuse ou indifférente face à
un tel drame ».
Pourtant, le Congolais n’a pas,
officiellement en tout cas, avancé une excuse d’empêchement majeur comme l’a
fait l’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi, et il n’a pas le Covid-19 comme son
homologue ougandais, Yoweri Museveni. Le « Brazzavillois » est-il déjà
convaincu de l’échec ou d’un impact dérisoire de ce périple ? A-t-il rêvé d’une
intensification du conflit, surtout que Kiev annonce une contre-offensive
d’envergure contre l’assaillant russe ? Seul l’avenir lui donnera raison…ou tort
! Pour le moment, ce désistement du président congolais donne lieu à toutes les
spéculations possibles sur l’issue de cette initiative africaine. La mission
est-elle plombée avant même d’avoir commencé ? Peut-être bien, car de « mission
de paix », ce voyage est devenu une « tentative de médiation ». Les quatre «
colombes de la paix » africains ont dû revoir non seulement leur nombre, mais
aussi leurs ambitions à la baisse, eux qui partaient pour obtenir des
protagonistes de la crise, un « engagement » pour « un cessez-le-feu et une
paix durable ».
Les messagers de la paix, venus
de l’Afrique et qui, par leur démarche pacifiste, tenteront, déjà, de sauver
l’accord céréalier qui permet à l’Afrique d’être encore ravitaillée en blé, et
autres engrais agricoles russes et ukrainiens. En grand consommateur devant
l’Eternel pour qui le « consommer local », la célèbre option du révolutionnaire
burkinabè Thomas Sankara, n’est, sans plus, qu’un slogan, le continent noir
ressent durement les déflagrations de cette guerre, jusque dans les assiettes
des ménages. Au lieu de tirer profit de ce clin d’œil de la nature et saisir
l’opportunité de produire ce qu’ils consomment et de consommer ce qu’ils
produisent, les Africains continuent d’espérer un retour de la paix entre les
deux belligérants, pour manger du pain fabriqué avec le blé russe ou ukrainien.
Questions : au lieu d’aller si
loin pour mettre en valeur leur talent de faiseurs de paix, les chefs d’Etat
africains n’auraient-ils pas dû s’arrêter au Soudan où des frères sont en train
de s’exterminer, poussés par deux généraux assoiffés de pouvoir, en
l’occurrence Hemetti, Mohammed Hamdan Daglo de son vrai nom, et Abdel Fattah
al-Burhan ? Même le peuple de la République démocratique du Congo (RDC) meurtri
dans sa chair par les assauts quotidiens du M23, qui serait soutenu par le
Rwanda, n’aurait-il pas accueilli, à bras ouverts, cette mission initiée par la
Fondation Brazzaville ? La joie des populations du Mali, du Niger, du Burkina,
ne serait-elle pas sans limite, si elles recevaient un tel égard de chefs
d’Etat africains ? En effet, ces populations, depuis des lustres, ne savent
plus à quel saint protecteur se vouer, elles qui subissent la loi de
terroristes qui tuent, brûlent et pillent sans pitié dans un Sahel où les
forces du mal se sont enkystées.
En tout cas, la délégation
africaine, devrait, en principe, rencontrer oreille attentive à
Saint-Pétersbourg, ses membres, dans leur grande majorité, ayant refusé de
voter pour les résolutions de l’ONU contre la Russie. De même, l’Afrique étant
une terre très convoitée actuellement par la Russie dont les drapeaux flottent
dans toutes les manifestations anti-occident, Vladimir Poutine qui s’apprête à
accueillir, du 26 au 29 juillet 2023, le deuxième sommet Russie-Afrique, ne
peut qu’être ouvert à cette initiative africaine.
Ce sera, par ailleurs, l’occasion
pour certains des «médiateurs», de s’acclimater aux réalités et à l’environnement
de Saint-Pétersbourg, ville qui abritera, en principe, ce rendez-vous,
Russie-Afrique, attendu avec impatience par certains dirigeants africains pour
renforcer leur idylle avec le nouvel amant russe!