Par une ordonnance, le président du CNRD vient de marquer une rupture avec la constitution de mars 2020 et un retour à une disposition très importante de la constitution de mai 2010. Il s’agit du mode de nomination et d’affectation des magistrats.
En effet, les magistrats sont désormais nommés ou affectés
par décret du président de la République sur proposition du ministre de la
Justice, suivant avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature
délibérant sous l’autorité du premier président de la Cour suprême.
Sont nulles toutes nominations ou affectations non conformes
à l’avis du Conseil supérieur de la magistrature. C’était l’une des innovations
majeures de la Constitution de mai 2010.
Ce texte qui s’appliquait aussi bien aux magistrats du siège
qu’à ceux du parquet avait pour but de renforcer l’indépendance des magistrats
en les soustrayant aux nominations ou affectations fantaisistes ou dépendant du
bon vouloir de l’autorité de nomination ou d’affectation.
La Constitution de mars 2020 avait abrogé cette disposition
en soumettant les nominations et affectations de magistrats simplement à l’avis
consultatifs. Ce qui signifiait que le président de la République, autorité de
nomination ou d’affectation, n’était pas lié par l’avis du CSM.
Par ailleurs, toutes les formations du CSM sont désormais
présidées par le premier président de la Cour suprême, qu’il s’agisse de la
formation statuant en matière disciplinaire ou de celle qui statue en matière
d’avancement des magistrats.
Out le président de la République et le ministre de la
Justice jusque-là président et vice-président du CSM.
Voilà une autre manière de consolider davantage la
nécessaire indépendance de la magistrature.
Ainsi, le président de la Transition est en train de joindre
la parole à l’acte en ce qui concerne sa déclaration selon laquelle la justice
sera la boussole qui va guider tout le monde. La balle est désormais dans le
camp des magistrats.
Merci Monsieur le Président d’être revenu au « chiffon »
et au « torchon » de mai 2010 sur le mode de nomination ou
d’affectation des magistrats.
Me Mohamed Traoré