Cher Monsieur Mamadou Antonio Souaré,
Je n’ai eu la chance de vous découvrir et apprendre à vous
connaître, que des années après avoir entendu parler de vous. Mais, en si peu
de temps, je me suis rendu à l’évidence que vous êtes une chance et une
bénédiction pour la Guinée et les Guinéens. Cependant, est-ce que ce pays et
vos compatriotes, vous le rendent bien, à votre juste sacrifice ?
Partant de votre expropriation de Guinée Games par l’Etat
guinéen, je dirai ‘’NON’’. Et même mille fois ‘’Non’’. Car, je suis
profondément attristé de voir, que dans mon pays, le vôtre surtout, l’on peut
vous traiter de la sorte. Vous avez passé 17 ans de votre vie, à construire,
courageusement, patiemment et résolument, une société de jeux, dont les revenus
ont servi de vache nourricière et de terreau verdoyant pour des milliers de vos
compatriotes nécessiteux, parfois sans un seul sou vaillant pour se nourrir ou
se faire soigner. Car, pendant ces 17 années que vous avez passées à financer
le football guinéen, à entretenir la culture guinéenne, à promouvoir la presse
de votre pays, à subventionner des orphelinats, à offrir des emplois dignes à
vos frères et sœurs, ces années, dis-je, et les fortunes qu’elles ont
englouties au bénéfice de vos compatriotes, auraient pu vous portez au rang de
« Première richesse » de la Guinée.
Sans crier au scandale ! Mais, cela vous heurte moralement
d’avoir de centaines de milliards dans vos comptes, quand une frange importante
de vos compatriotes crève la dalle. Et ç’aurait été tout mérité que vous
fussiez le Crésus de la Guinée, puisque c’est le fruit de votre labeur et le
résultat de la longue épreuve de vos méninges. Des méninges si généreuses en
termes d’inventivité et de solidarité envers vos compatriotes.
Lorsque vous avez décidé de mettre votre sens de
l’entrepreneuriat, conquis loin des frontières guinéennes, au service de votre
chère Guinée, vous aviez le choix d’aller cultiver votre jardin loin de la
terre de vos ancêtres. Mais, l’appel de la patrie à laquelle vous êtes
conscient de tout devoir, ne pouvait vous laisser indifférent. Parce que,
naturellement, l’indifférence, l’égoïsme et la cupidité n’ont jamais été en
phase avec vos valeurs humaines. Ces tares tranchent radicalement avec votre
Sens patriotique.
Cher Monsieur Mamadou Antonio Souaré,
Je sais que vous resterez fort, puisque vous l’avez toujours
été, au gré de la haine erratique que certains Guinéens vous ont toujours
vouée. Si ridiculement, et même abominablement placée sous le sceau de la
défense des intérêts de l’Etat, l’expropriation dont vous êtes victime vous a
trouvé déjà grand, suffisamment adulé et définitivement sanctuarisé par vos
compatriotes. Ceux qui vous ont exproprié vous ont certes atteint, car nul
n’est insensible à une injustice qui le vise aussi frontalement. Mais,
connaissant votre foi inébranlable en la Justice divine, et votre peur du
Tout-puissant, je suis persuadé que vous n’abandonnerez ni votre pays, ni vos
compatriotes, par le fait d’un acte injuste de notre État. Un État, hélas !
réputé grand broyeur de rêve, d’espoir et d’avenir.
Alors, ai-je besoin de vous demander de vous armer de
courage ? Tant vous avez toujours fait montre de courage ! Je n’ai non plus pas
besoin de vous rappeler que nulle injustice n’est irréparable par le Très haut.
Je ne vous inviterai à aucune attitude positive que vous n’ayez intégrée à
date.
In fine, sachez simplement, que mes mots de soutien, bien
que mal articulés ou peu audibles, reprennent sans doute passablement, les
échos très assourdissants du concert d’indignation qui traverse toute la
Guinée.
Talibé Barry, citoyen
et journaliste