Le président Mohamed Bazoum qui refuse toujours de signer sa démission,
n’est visiblement pas au bout de ses peines dans son combat de défense de la
démocratie. Il est désormais menacé de jugement pour « haute trahison » par la
junte militaire qui le séquestre depuis le 26 juillet au palais présidentiel.
De ces preuves que les militaires affirment détenir, faut-il compter les appels
au secours d’un président qui se lève un beau matin et se retrouve entre les
mains de ceux qui sont censés le garder ?
Ce grief de « haute trahison »
semble bien « bizarre » comme on le dirait trivialement. A moins que cette
accusation fasse partie de la batterie de manœuvres mise en place par les
putschistes pour consolider leur position de « nous pas bouger ». En face, la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), condamnant
cette nouvelle entreprise de la junte, se demande si les différentes
initiatives entreprises pour le règlement pacifique ont encore la moindre
chance d’aboutir. L’institution sous-régionale qui brandit la menace de
l’intervention militaire, si la démarche de négociation échoue, ne semble pas
non plus baisser la garde, et continue de réclamer la libération de Mohamed
Bazoum et sa réinstallation dans ses fonctions présidentielles. Va-t-on
inévitablement vers l’affrontement ? La question demeure de mise, mais c’est
une solution qui est, pour l’instant, bien évitée, tous les acteurs affirmant
privilégier le dialogue.
La situation n’est pas loin de
l’impasse, les positions se radicalisant de jour en jour, avec pour victimes,
des populations nigériennes qui croulent sous le poids des sanctions prises par
la CEDEAO contre les militaires de Niamey. Les mesures de fermeture des
frontières, de la suspension des transactions commerciales et du gel des avoirs
à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), ciblées contre
les putschistes font, malheureusement, très mal et ce n’est pas sans raison que
nombre de leaders religieux et de la société civile, à l’instar des évêques
togolais, ce lundi, en demandent la levée, pour permettre aux populations de
souffler. Ce sont des sanctions dures, « inhumaines, iniques et inacceptables »,
selon le Premier ministre de la junte militaire, l’économiste Ali Mahamane
Lamine Zeine.
Mais le chef du gouvernement est
persuadé que le Niger peut « surmonter » ces sanctions, lui qui n’a pas manqué
de déclarer son pays ouvert à toute médiation qui ramènera la situation à la
normalité. Et c’est cette notion de normalité qui est loin d’avoir la même
perception que l’on soit du côté de ceux qui se réclament nouvelles autorités
cde Niamey et les partisans du président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum
qui sont, du reste, sur la même longueur d’onde que la CEDEAO. Pour les
premiers il faut passer par la case transition qui doit déboucher sur des
élections démocratiques et le retour à un pouvoir civil. Mais, pour la CEDEAO,
le retour à la normalité, c’est la libération de Mohamed Bazoum et son
rétablissement, hic et nunc, comme président !
Quelle issue donc pour le Niger,
qui est déjà, depuis un certain temps, comme d’autres pays de la sous-région,
confronté à l’insécurité qui se manifeste par des attaques terroristes
meurtrières récurrentes et le déplacement massif des populations qui deviennent
des exilées dans leur propre pays, après avoir, dans leur fuite, abandonné tout
derrière elles ? L’incertitude du lendemain semble être la chose la mieux
partagée, en ce moment, par les populations nigériennes, mais aussi celles des
pays voisins très préoccupées par cette situation. Un évènement malheureux qui
a dû surprendre tout le monde, sauf peut-être les auteurs, et surtout les
commanditaires qui ne se sentent même plus obligés de se cacher. La main
invisible étant désormais…visible !
WS