L’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), né d’une scission avec Boko Haram, n’a pas confirmé son décès. L’information, si elle venait à être confirmée, n’aurait pas forcément d’impact sur la capacité de nuisance du groupe jihadiste.
C’est un haut responsable de l’armée nigériane qui a
annoncé, jeudi 14 octobre, la mort d’Abou Musab al-Barnawi, le chef du groupe
jihadiste ISWAP, affilié à l’État islamique (EI). « Je peux affirmer avec certitude
qu’al-Barnawi est mort », a déclaré le chef d’état-major, le général Lucky
Irabor, sans préciser les circonstances du décès.
L’ISWAP n’a pas confirmé cette information et son chef a
déjà été donné pour mort par les autorités nigérianes par le passé. Reconnu par
l’État islamique, l’ISWAP est né en 2016 d’une scission avec Boko Haram, auquel
il reprochait notamment des meurtres de civils musulmans. Après être monté en
puissance, l’ISWAP est devenu le groupe jihadiste dominant dans le nord-est du
Nigeria, multipliant les attaques d’ampleur contre l’armée nigériane.
Abou Musab al-Barnawi était le fils du fondateur de Boko
Haram, Mohammed Yusuf, tué en 2009 à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria.
Ces derniers mois, il était parvenu à consolider l’influence d’ISWAP dans cette
région, profitant de la mort, en mai dernier, du chef de Boko Haram, Abubakar
Shekau, tué dans des affrontements entre les deux groupes rivaux. Selon des
sources sécuritaires, al-Barnawi était aussi parvenu à renforcer l’ISWAP dans
la région du lac Tchad.
Roquettes
« Si Al-Barnawi est mort, [cela] n’aura peut-être pas trop
d’impact sur l’ISWAP en raison de la structure du groupe », analyse toutefois
Malik Samuel, chercheur à l’Institute for Security Studies (ISS). Depuis la
scission avec Boko Haram, le groupe jihadiste a en effet connu environ cinq
changements de direction, mais cela ne l’a pas empêché de poursuivre ses
attaques meurtrières contre les forces de sécurité.
En septembre dernier, des combattants de l’ISWAP ont tué 16
soldats dans une embuscade dans l’État de Borno (nord-est), l’une des attaques
les plus meurtrières perpétrées cette année contre les forces armées
nigérianes, qui peinent à vaincre une insurrection islamiste ayant fait plus de
40 000 morts en 12 ans.
Une semaine plus tard, huit autres militaires ont été tués
par des membres du groupe jihadiste qui ont ouvert le feu avec des roquettes
sur un autre convoi, toujours dans l’État de Borno.
Depuis la mort d’Abubakar Shekau dans la forêt de Sambisa,
l’ISWAP combat les membres de Boko Haram qui ont refusé de lui prêter
allégeance. Plusieurs centaines de membres de Boko Haram ont préféré se rendre
à l’armée nigériane, avec leurs familles, y compris leurs enfants.
Depuis le début de l’insurrection de Boko Haram en 2009, les
violences ont contraint près de deux millions de personnes à fuir leur
domicile.
Jeune Afrique avec
AFP