Voilà une bien vilaine affaire
qui secoue le pays de la Téranga depuis février 2021 et qui, de toute évidence,
n’est pas près de présenter son dénouement. Alors que les sénégalais n’ont pas
fini de ruminer leur retour prématuré de Doha, pendant que la grand-messe du
football mondial continue de battre son plein, revoici le feuilleton
«Sonko-Sarr» qui réapparait, non pas sur une table de massage, mais bien sur la
table des magistrats.
Mais comme les précédentes
convocations de l’opposant et celle qui se dit sa victime, la première
confrontation devant le doyen des juges n’a donné lieu à aucune avancée dans un
dossier que le maire de Zinguinchor et ses partisans qualifient d’acharnement
politique alors qu’Adji Sarr, l’ex masseuse, ne décolère pas devant ce qu’elle
qualifie d’impunité. Si fait que le mystère du salon de massage Sweet Beauty
demeure entier. La beauté dans toute sa laideur! En dehors du fait que Ousmane
Sonko voit sa carrière politique brisée si cette affaire le plonge davantage,
que la personne qui n’a jamais péché lui jette la première pierre, comme Jésus
le disait à ceux qui avaient accusé la dame de l’évangile, d’adultère.
La chaire est faible et le
bouillant leader de la coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi, le sait bien.
Sans donc lui jeter la première pierre, on peut, néanmoins, trouver des failles
dans la stratégie de défense de Ousmane Sonko qui aurait pu présenter
autrement, dès le début, ses relations avec Adji Sarr en comptant sur le
soutien de sa petite famille, son véritable refuge. Certes, les politiciens et
le pouvoir qui est cette machine qui ne rate aucune occasion pour broyer ses
adversaires ne laisseront pour rien au monde cette brèche, mais l’opinion
aurait peut-être classé le dossier et passer à autre chose. Même dans un pays
aussi sévère contre le libertinage et les incartades sexuelles comme les
Etats-Unis, l‘affaire Monica Lewinski-entre 1998 et 1999- n’a pas coûté son
fauteuil à Bill Clinton. Mais curieuse et bien intrigante affaire au demeurant,
cette histoire entre Adji Sarr et Ousmane Sonko le jeune homme qui, en juste
quelques années, est devenu le principal opposant du président Macky Sall, et
qui lorgne la présidence et à cet effet, ne cache pas son ambition de faire
partir l’actuel locataire des lieux.
Un complot ourdi par des mains
invisibles au service du président Macky Sall qui verrait là l’opportunité
rêvée d’éliminer un rival politique sérieux, sont convaincus les uns. Le second
camp, celui des amis de la majorité trouve en cette affaire de «mœurs» la
preuve que le jeune Sonko, en dépit d’un discours séduisant et à consonnance
révolutionnaire et panafricaniste n’est rien de moins qu’un simulateur.
Mais à vrai dire ce face-à-face
entre avocats et partisans de l’une ou l’autre des parties qui se déroule au
palais de justice est comme un tableau miniature de ce qui risque de se passer
en vrai sur la scène politique du pays de la Téranga. La présidentielle de 2024
est déjà présente dans tous les esprits. Certains prêtant au président Macky
Sall une volonté de briguer un troisième mandat. Et des signes ne trompent pas,
comme la nervosité qui gagne en intensité de jour en jour dans certaines
instances politiques et les rues de Dakar. En témoigne ce pugilat qui, récemment,
dans l’enceinte de l’auguste assemblée nationale, a opposé députés de
l’opposition à leur consœur de la majorité.
Certes, un mot, juste une parole
présidentielle, pourrait décrisper et faire baisser la fièvre qui s’empare des
Sénégalais au fur et à mesure que le pays se rapproche de la présidentielle qui
se profile inexorablement, et peut être dangereusement, à l’horizon. Mais
est-ce à Macky Sall de dire qu’il se présentera ou pas à la
présidentielle? La Constitution sénégalaise n’est-elle pas assez claire sur
cette question cruciale? Est-ce au président sénégalais de provoquer une guerre
de positionnements sans commune mesure en ne se déclarant pas candidat, hic et
nunc?
Tout manipulation non maîtrisée
de ce sujet, fera certainement davantage de mal au Sénégal. Toutefois, ce pays
a toujours été considéré comme le phare de la démocratie en Afrique. Et ça,
Macky Sall ne doit jamais le perdre de vue!