En charcutant la loi fondamentale de son pays, pour s’ouvrir un large
boulevard vers la présidence à vie, l’« Archange de Bangui» voudrait faire un
pied de nez au «Parrain de Lagos» qu’il ne s’y serait pris autrement. En
effet, alors que Bola Ahmed Tinubu, le tout nouveau président du Nigeria et
porté fraîchement par ses homologues de la sous-région à la tête de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), déclarait la
guerre contre les pouvoirs anticonstitutionnels, Faustin Archange Touadéra, lui
flirte ouvertement avec le «3e mandat ». Evidemment, pour habiller sa
forfaiture très prochaine, « l’archange de Bangui » a pu se faire tailler une
constitution sur mesures et qu’il soumettra bientôt à referendum.
Les intimidations, l’argent et
les promesses indécentes, faisant toujours l’affaire, comme tous ces dirigeants
prédateurs de la démocratie, Faustin-Archange Touadéra, aura sa constitution
qu’il a pris le méticuleux soin d’amputer du verrou limitatif du mandat
présidentiel qu’il a fait passer de quinquennat à septennat. Et comme il fallait
s’y attendre, cette nouvelle constitution, selon la formule consacrée sous les
tropiques, « remet les compteurs à zéro ». Et le tour est joué ! Et l’affaire
est bouclée pour le nouveau roi du royaume de la…république centrafricaine.
Comme en Afrique de l’ouest où il doit faire face aux pouvoirs militaires, le
président de la CEDEAO sera également confronté aux «3e mandats » qui ouvrent
les longs règnes et dont l’Afrique centrale vit la pleine saison, avec la
récente troisième candidature à sa propre succession du Gabonais Ali Bongo
Ondimba et bientôt du Centrafricain Touadéra!
Certes, Bola Ahmed Tinubu peut
peu contre le boucher de la constitution centrafricaine qui pourra toujours se
prévaloir de la souveraineté de son pays. Sauf que c’est le même peuple qui
aura crié « vive le président », qui vocifèrera encore « à bas le président ».
Ainsi finissent toujours les longs règnes imposés par des apprentis « démocrates
» qui se croient les plus ingénieux en matière de manipulation. On comprend de plus en plus l’amour transi
de Faustin-Archange Touadéra pour la Russie et surtout pour le groupe privé
russe Wagner dont les éléments sont qualifiés de mercenaires. Contrairement aux
Occidentaux dont les Français arc-boutés aux valeurs de la démocratie et de la
bonne gouvernance, la Russie n’en n’a cure, ce qui justifie l’acharnement
contre les premiers.
Quant au Nigérian Tinubu, à sa
désignation comme patron de la CEDEAO marchant dans les pas de son
prédécesseur, a, tout de suite, planté le décor de son mandat qui ne devrait
pas arranger les amoureux des changements anticonstitutionnels. Car, aussi bien
que les coups d’Etat militaires, les «3e mandats » constituent de véritables
coups d’arrêt à la démocratie, avec leurs corollaires de manifestations
réprimées dans le sang, de violences meurtrières, de musellement du peuple, de
mal gouvernance et de toutes les autres dérives.
Question : et si Bola Tinubu exportait vers l’Afrique centrale, la force de la CEDEAO dont l’idée de mise en place est de plus en plus persistante et dont le but est, entre autres, de ramener l’ordre constitutionnel dans les pays où il est menacé ? Sauf qu’en attendant, le nouveau shérif de la sous-région devra réussir à installer cette unité au profit de la CEDEAO d’abord et, l’autre paire de manche, arriver à la faire intervenir dans les pays où l’armée aura fait allégeance au nouveau chef venu aux affaires par les armes ou le viol de la Constitution. Mais l’autre plus grand challenge de Bola Ahmed Tinubu sera d’aller contre les velléités d’un autre membre du même syndicat que lui, celui des chefs d’Etat !
WS