Comme en 2017, les urnes mettront face-à-face, pour un second tour
autant décisif qu’indécis, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, selon les
premières estimations. Comme en 2017, le candidat de La République En Marche
(LREM), avec plus de 28% des suffrages exprimés a surclassé, pour le premier
tour, ce dimanche, la championne du Rassemblement National (RN) qui affiche au
compteur, plus de 23% des voix. Comme en 2017, dès la proclamation des
estimations, le président-candidat qui n’a pratiquement pas battu campagne,
bénéficie déjà des intentions en vue de l’érection du barrage contre son
challenger. Marine Le Pen, pourra, elle, compter sur les électeurs du truculent
Eric Zemmour dont le ballon, a fait un gros pschitt, alors qu’il était annoncé
comme une bombe. Certes, les consignes de vote ne sont pas synonymes de report
systématique de voix, mais les 7 petits % de l’homme de la Reconquête pèseront
pour presque rien face aux 20% du chef des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon qui
vient une fois de plus de flirter avec le second tour et pour qui le «Tout sauf
Le Pen» est déjà lancé.
Il faut le dire de go, les
réserves de voix sont loin d’être importantes pour Marine Le Pen. Sauf que le
retour dans le jeu des 25% d’abstentionnistes sur les 48,7 millions de Français
inscrits sur la liste électorale, qui ont fait autre chose de leur journée dominicale
qu’aller aux urnes, pourrait changer la donne dans 15 jours, soit le 24 avril
pour le match retour de cette présidentielle qui prend, les allures d’un remake
de 2017. «Rien n’est joué», a d’ailleurs reconnu, prudent, Jupiter qui n’ignore
pas la versatilité d’un électorat loin d’être acquis à sa pleine cause! Les
Gilets jaunes, les retraités, les victimes de la cherté de la vie renforcée par
la guerre en Ukraine, etc., ne bouderont pas leur plaisir de voir un Emmanuel
Macron dans l’embarras.
Et l’Afrique dans tout ça?
Presque totalement absent de la campagne électorale, si ce n’est dans le camp
de l’extrême droite, qui a fait de ses enfants ces «sauterelles qui empestent
la France», le continent noir ne s’est guère enthousiasmé, non plus, pour cette
élection présidentielle. Pourtant, pendant longtemps les élections françaises
ont, pendant longtemps tenu en haleine, sous les tropiques. Comme si c’était
eux qui votaient, les Africains avaient toujours fait montre d’une passion
débordante autour des urnes françaises et américaines. Est-ce parce que leur
quotidien demeure le même, que ce soit la droite ou la gauche à l’Elysée?
Est-ce parce que les Africains, notamment ceux du Sahel, dont fait partie le
Burkina Faso, ont plus urgent à faire face aux terroristes dont les attaques
sont toujours autant meurtrières et font davantage de déplacés depuis
presqu’une décennie? Ou, est-ce, tout simplement, l’un des signes tangibles de
la fin de la lune de miel entre les Africains et la France qui traîne le péché
originel de l’ancien colonisateur et à qui colle le CFA, monnaie de plus en
plus contestée et cheval de bataille des panafricanistes, vrais ou déclarés
ainsi sur la toile? Tous les ingrédients sont réunis pour que les Africains ne
fassent plus leur, une affaire franco-française!
En tout cas, en matière de
démocratie, les Africains viennent, une fois de plus de recevoir une leçon
venue des bords de la Seine, où après un vote le matin, en fin de journée le
vainqueur est connu. Sur le continent noir soit le gagnant se dégage avant le
scrutin même, parce que «on sait qui est qui» grâce au poids financier, soit le
gagnant n’émerge qu’après de longs jours de décompte et des nuits interminables
de recompte, pour sortir des résultats le plus souvent en total déphasage avec
le contenu véritable des urnes. Des urnes bourrées, transportées nuitamment ou
sorties de nulle part! Une chose est certaine, qu’il vienne de la LREM ou du
RN, le prochain locataire de l’Elysée aura fort à faire pour refaire l’image de
la France en Afrique.
ws