0 mort, 0 blessé, 0 coupure de l’internet, 0 couvre-feu, 0 manifestant interpellé, 0 urne emportée par des forces de l’ordre pour le compte du président sortant, 0 tir de l’armée sur des populations, 0 coup KO, et des résultats connus avant le lendemain! Bilan du premier round de l’élection présidentielle 2022 en France. Pourtant, ils étaient au moins 48 millions de Français appelés à voter, ce dimanche, pour le premier tour d’un vote aux enjeux multiples et d’envergure. Si c’était en Afrique ou élection rime avec violences et toutes sortes d’atteintes aux droits de l’homme, le schéma aurait été tout autre.
Dans plusieurs pays sous les tropiques, la guerre aurait commencé même plus tôt, soit depuis la campagne électorale. Des opposants qui pourraient gêner le coup KO, c’est-à-dire la victoire dès le premier tour de l’élection, seraient embastillés s’ils n’ont pas eu le temps de prendre, souvent déguisés en femme, la poudre d’escampette. L’armée aurait été déployée sur tout le territoire sous couvre-feu, comme en temps de…guerre.
Rien n’est laissé au hasard pour s’assurer la victoire, car, sur
un continent où la démocratie est dévoyée dans bien des pays, «on n’organise
pas une élection pour la perdre». Et pour renforcer les chances de triompher
sans péril, c’est une pluie d’argent qui tombe, servant à l’achat des voix, la
corruption d’agents de bureaux de vote et le retournement de veste, le sport le
mieux pratiqué par les politiciens «du ventre». Si c’était en Afrique, on en
était encore au dépouillement, à l’acheminement des procès-verbaux, au comptage
et recomptage de bulletins d’électeurs fictifs, certains morts depuis des
décennies et d’autres pas encore nés. Tout est mis en œuvre pour que les
élections se fassent et que vive la démocratie venue d’ailleurs, celle qui
conditionne les aides des partenaires internationaux.
Si c’était en Afrique, l’élection était pliée à l’avance, car
tout le monde sait qui va la gagner avant sa tenue, malgré la présence d’une
Commission électorale indépendante…outrageusement ou subtilement dépendante, et
d’observateurs locaux et internationaux qui ont le don d’être sur le terrain,
depuis leurs chambres 5 étoiles ou leurs 4X4 climatisées. C’est peut-être à ce
niveau que l’Afrique a pris de l’avance sur l’occident où d’autres candidats
titillent autant le président sortant, au point de lui faire passer des nuits
blanches. Comme le fait en ce moment, la championne du Rassemblement National
(RN), Marine Le Pen contre qui tous appellent à faire barrage, pour que
Emmanuel Macron, puisse brandir le poing de la victoire le 24 avril prochain.
Si c’était en Afrique, Emmanuel Macron n’aurait pas eu besoin de
négocier les consignes de vote du patron des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, même
si celui-ci exhorte déjà les siens à n’accorder la moindre voix à Marine Le
Pen. Dans sa peau de faiseur de roi, celui qui a largement gagné la confiance
de ses compatriotes dans des pays comme le Burkina Faso et le Mali par exemple,
aurait gagné aussi le jackpot, si c’était en Afrique, car l’entre-deux tours lui
aurait permis, non pas d’être courtisé simplement avec des promesses de postes
au gouvernement, mais avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Si c’était en
Afrique!