Procès des événements du 28 septembre 2009 : Un condensé riche en révélations hallucinantes

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  • 13 octobre 2023 09:45

  • Justice

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Les audiences se sont poursuivies cette semaine, dans le cadre de la comparution des victimes, devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Parmi les victimes ayant défilé à la barre à cet effet, pour narrer leurs mésaventures, figurait M. Mouctar Bah, correspondant de RFI en Guinée, dont le témoignage à charge a tenu le prétoire en haleine. Pour s’en être tiré les braies nettes, là où plusieurs dizaines de personnes, sur un coup du sort, ont péri sous les balles et les baïonnettes des tueurs de la junte du CNDD.  

Face à la Cour, notre confrère Mouctar Bah, le correspondant de RFI, a mis sa narration de la journée funeste du 28 septembre 2009 à profit, pour déverser sa bile sur le pouvoir du capitaine Moussa Dadis Camara, contre qui d’ailleurs il dit pour avoir porté plainte. Pour avoir été violenté, traumatisé et menacé de mort au stade, à la fois par des policiers, gendarmes et bérets rouges. Dans son récit, il a commencé par rappeler qu’il était effectivement allé au stade du 28 septembre en 2009 pour couvrir le meeting des forces vives de la nation. Au niveau de la pharmacie Manizé Kolié située à Dixinn, en face de l’esplanade du stade, explique-t-il, le colonel Moussa Tiegboro Camara est arrivé devant lui. Pour un début, l’officier a été applaudi par un groupe de manifestants endiablés. Quelques instants après, poursuit le plaignant, une foule est arrivée du côté de la Bellevue, une autre du côté de pharma guinée. La pression provoquée par la rencontre des deux foules sur place, a conduit au départ des gendarmes et policiers vers l’université Gamal Abdel Nasser. Le journaliste a indiqué ne pas être en mesure de dire qui des manifestants ou des gendarmes a ouvert le stade. Cependant, les manifestants ont toutefois eu accès à cette enceinte sportive, selon lui.

C’est dans cette atmosphère surchauffée que des agents de la CMIS de Cameroun sont revenus sur les lieux. En présence du colonel Moussa Tiegboro Camara et l’officier de police Ansoumane Camara dit « Bafoé », a poursuivi Mouctar Bah. 

Mouctar Bah a rappelé qu’après l’arrivée des agents de la CMIS de Cameroun, le ton est aussitôt monté sur fond de disputes. Le colonel Moussa Tiegboro Camara ordonne de charger, et le désordre commence aussitôt avec des coups de matraques et de pieds portés par les forces de l’ordre contre des manifestants. Ainsi que des tirs de gaz lacrymogène. « C’est en ce moment, que j’ai été arrêté par la CMIS de dos. Ils ont arraché mes appareils. Ils les ont cassés sur le goudron. Ils m’ont embarqué dans un pickup », a expliqué le correspondant de RFI. Il dit avoir eu la vie sauve grâce à « Bafoé ». « Bafoé est venu en courant, quand il m’a vu dans le pickup. Il a crié sur les policiers qui m’ont embarqué, il les a insultés en leur demandant de me débarquer », a -t-il souligné.

Après avoir été débarqué, alors qu’il rejoignait le carrefour, Mouctar dit avoir entendu quelqu’un dire qu’il y a un mort. C’était la première victime, a affirmé notre confrère.

Quand il a vu le corps, le journaliste dit avoir décidé de se retrancher dans le quartier, dans la concession d’un de ses amis pour pouvoir envoyer ses premiers éléments. C’est ensuite que le correspondant de RFI décide de repartir au stade. « A peine je mets les pieds sur le gazon, j’ai entendu les crépitements d’armes. J’ai vu un déménagement indescriptible. Chacun se cherchait. Je suis sorti par la porte où rentrent les footballeurs. Après je suis allé derrière la tribune. J’ai rencontré là-bas, mon ami Amadou Diallo de la BBC. Lui et moi on a cherché un abri au terrain de tennis dans une maison en chantier », s’est souvenu Mouctar Bah. A partir de sa cachette, a-t-il poursuivi, il entendait des tirs et voyait les manifestants qui escaladaient le mur de l’université, retomber dans la cour du stade. Lui et son compagnon d’infortune seraient sortis de leur cachette, quand ils ont senti qu’il y avait un peu d’accalmie.

Aussitôt sortis de cette cachette, ils ont été arrêtés par 5 jeunes militaires, coiffés de bérets rouges, qu’il qualifie de caporaux.

« Ils nous ont insultés. Ils nous ont dit, on va vous tuer, on va vous exécuter. Mettez-vous à genoux. Mon ami Amadou s’est agenouillé. Moi j’ai dit que je ne me mets pas à genoux parce que je ne suis pas manifestant, mais journaliste. Un d’entre eux m’a cogné dans mon dos. Je suis tombé dans la boue. Je me suis mis à genoux. Il y a un autre qui a sorti son arme, il l’a pointée sur ma poitrine. Il me dit on va te tuer, on va te flinguer, j’ai dit trois fois dans un cri de désespoir, si ça peut sauver la Guinée, n’hésite pas », a martelé le journaliste. C’est dans ces discussions, a-t-il continué, que deux officiers sont arrivés en courant pour les sauver des griffes de ces jeunes militaires. « Ils ont dit, laissez-les. Ne les tuez pas hein ! Ce sont des journalistes qui étaient avec nous à Labé », a rappelé Mouctar. Il se souvient qu’un policier a été invité par les officiers à les faire sortir du stade. Au niveau du palais des sports, une femme lui aurait alors demandé de la sauver, en l’informant que les agents sont en train de violer des femmes. Pendant ce temps, a-t-il confirmé, des cris étaient effectivement émis dans le palais des sports. De passage, il dit avoir vu beaucoup de corps et de nombreux blessés qui avaient du mal à se mouvoir.

Au grand portail, le policier qui les accompagnait les aurait abandonnés à leur sort. Et sur la terrasse, ils sont à nouveau interpellés par des gendarmes.

Effectivement, c’est à ce moment, qu’un agent a mis la main dans sa poche pour lui prendre 150 dollars et 300 mille francs guinéens. Mouctar Bah et ses compagnons sont à nouveau sauvés par un certain Khaty qui selon lui, était dans le dispositif protocolaire de la junte. Ils sont rentrés dans le quartier Landréah, avant de rejoindre leurs domiciles respectifs aux environs de 18 heures. A partir de son domicile le soir, Mouctar Bah dit avoir reçu l’appel d’une de ses collègues de la radio Nostalgie, l’informant de la tenue d’une réunion au camp Alpha Yaya Diallo au cours de laquelle, on parlait de lui et de son ami de la BBC. Il aurait alors pris la menace très au sérieux et aurait décidé d’aller se mettre à l’abri dans un hôtel au centre-ville de Kaloum, où il dit avoir passé 6 jours. De cet hôtel, il s’en va à Pita chez lui, où il aurait passé trois semaines. Grâce aux soins de ses partenaires de Paris, il a fini par quitter Conakry pour Dakar. Il serait alors resté en dehors du pays jusqu’à l’arrivée de Sékouba Konaté au pouvoir. Sur l’existence des fausses communes, le correspondant de RFI dit avoir reçu quelques informations en tant que journaliste, mais qu’il n’en aurait pas la certitude pour n’avoir pas pu vérifier ces informations. Notre confrère demande justice pour toutes les victimes.

Après Mouctar Bah, c’est un certain Mamadou Samba Barry qui a été entendu. Ce dernier dit avoir porté plainte pour avoir perdu son neveu au stade et pour avoir subi des tortures et traitements dégradants au camp Koundara, actuel camp Makambo.

Le plaignant a commencé par confirmer que lui-même était au stade le 28 septembre en 2009. Qu’il a été bastonné et un peu blessé, mais il dit être parvenu à s’en sortir. Il était maintenant à la recherche de son neveu disparu, quand il s’est retrouvé au camp Koundara le lendemain. Il est aussitôt interpellé avec son grand frère. « Quand ils nous ont arrêtés, ils nous ont déshabillés. Il ne nous restait que des culottes. Ils nous aspergeaient d’eau chaude et nous bastonnaient. Ils nous alignaient pour nous faire marcher dessus des motos. Le jour où nous sommes arrivés, on était 26 là-bas. C’est après, ils ont fait venir Sergent Paul. Tous les jours, matin comme soir, on nous administrait chacun 50 coups de fouet. Il revenait quand il se reposait, pour nous demander de nous mettre en sardine. Ce qui veut dire qu’on se superpose l’un sur l’autre », a relaté la victime. Le quadragénaire accuse le sergent Paul, qui est dans le box des accusés selon lui, et un certain Tanènè. Lui et son grand frère ont recouvré leur liberté au bout de 5 jours de détention aux environs d’1 heure du matin. Si leur moto a été restituée, les autres objets pris sur eux, ne l’ont pas été. Amadou Korka Bah, leur neveu qu’ils recherchaient à ce moment, n’aurait jusqu’ici pas été retrouvé, a révélé Mamadou Samba Barry.

Après la pause de la mi-journée, c’est Mamadou Aliou Baldé qui a été invité à faire sa déposition à la barre. Il s’est constitué partie civile pour coups et blessures.

Ce n’est pas lui-même qui en a été victime, mais il a représenté son fils du nom de Mamadou Djouldé Baldé. Selon lui, son garçon s’est rendu au stade sans son consentement. Après les douloureux événements au stade, Mamadou Djouldé Baldé est passé par d’autres personnes pour l’informer qu’il a été touché par balle au pied, a témoigné le papa de la victime. S’il a affirmé avoir été touché par balles, il n’a pas parlé de l’identité de celui qui a tiré sur lui, a ajouté, Mamadou Aliou Baldé. Le jeune n’est pas présentement en Guinée, mais il a retrouvé sa santé, a informé son représentant.

Abdoul Salam Barry a été la dernière victime à être entendue à la barre ce lundi.

Dans sa déposition, le plaignant a indiqué qu’il n’a reçu aucun coup au stade. Mais lorsqu’il cherchait à se sauver quand les militaires ont fait irruption, il se serait fait fracturer le pied, après avoir sauté par-dessus un mur très élevé. Il aurait été secouru par d’autres manifestants et transporté à une gendarmerie puis à l’hôpital Donka. De cet établissement sanitaire, il serait passé à Jean Paul 2, avant de se retrouver au village à la demande de son père. Malgré tous les traitements auxquels il a été soumis, il continue de garder les séquelles de ses blessures, a indiqué Abdoul Salam Barry.

Le dossier s’est poursuivi mardi. Mamoudou Baldé qui a comparu en premier ce jour, dit avoir connu beaucoup de péripéties en marge du massacre du 28 septembre en 2009.

Avant les événements proprement dits, il dit avoir été interpellé par des gendarmes qui ont dispersé les premiers manifestants à l’esplanade du stade. Ces derniers lui ont retiré son téléphone de marque LG et de l’argent, dont il ne se souvient plus du montant exact, a-t-il expliqué. De là-bas, il aurait continué au stade. Les manifestants qui se remobilisaient, sont à nouveau dispersés par des gendarmes. Mamoudou se retranche dans le quartier. Il est alors pourchassé et interpellé dans une douche, a relaté le quadragénaire. Il dit avoir été fouillé à nouveau avant d’être bastonné. Après avoir été libéré, il décide de retourner à la maison. Au niveau de Dixinn échangeur, il a croisé une importante foule en provenance de Hamdallaye. Il est emporté par l’euphorie et décide de retourner au stade avec cette foule. Quand les tirs ont commencé, le plaignant dit avoir croisé un agent encagoulé alors qu’il cherchait à se mettre à l'abri. Ce dernier lui a administré un coup qui l’a clouée au sol.  C’est finalement à l’hôpital qu’il a repris conscience, s’est souvenu le marchand. Il a reçu un coup violent, mais il n’a pas été blessé, a-t-il reconnu.

Ibrahima Kalil Bah né en 1990 à Mamou a comparu à la suite de Mamoudou Baldé. L’ingénieur en Télécommunications porte plainte pour coups et blessures.

Quand le massacre a commencé, de nombreux manifestants ayant reçu les balles sont tombés sur lui jusqu’à ce qu’il a perdu connaissance a expliqué Ibrahima Kalil Bah. Les bérets rouges en ramassant les corps se sont rendu compte qu’il n’a pas de problème. Il est aussitôt conduit ensanglanté, sur la pelouse où il a trouvé d'autres manifestants interpellés. Il est mis à genoux avec les mains en l’air et puis violenté sur fond de bastonnade. Il dit avoir perdu deux dents à ce niveau et victime d’entorse au dos. Il a pris la fuite quand ses bourreaux ont tenté de les embarquer à bord d’un pickup. En dépit des difficultés qu’il dit avoir rencontrées, il a pu s’en sortir pour aller trouver refuge à la SIG Madina où il est resté jusqu’à 21 heures avant de rejoindre son domicile à Dixinn. Après trois jours sans sortir de la maison, il décide d’aller à l’hôpital Donka. L’invite lui a été faite de faire la radio. Faute de moyens, il n’a pas pu le faire. C’est ensuite qu’il est rentré au village à la demande de ses parents où il s’est fait traiter à l’indigénat durant trois mois, même s’il continue de garder les séquelles de ses blessures, selon lui.

Mamadou Djouma Diallo né en 1978 à Conakry a été la troisième victime qui a été entendue mardi avant la pause de la mi-journée

Ce quadragénaire faisait partie de la garde rapprochée du président de l’UFDG. Il était donc présent au stade du 28 septembre en 2009, quand le massacre a commencé et quand le commandant Aboubacar Sidiki Diakité invitait les leaders à le suivre. Comme les autres manifestants, lui aussi a cherché à se sauver. C’est dans cette course qu’il dit avoir été poignardé à plusieurs reprises et dépossédé de sa paire de chaussure neuve de marque Timberland, de son pantalon pentagone de couleur Kaki, et d’une somme de 150 mille francs guinéens. Mamadou Djouma accuse des bérets rouges d’être à la base de sa mésaventure. En plus de ces bérets rouges, il dit avoir vu au stade, de nombreux policiers, gendarmes et des agents qui arboraient les maillots de Chelsea. Le plaignant témoigne avoir vu des corps et des agents poignarder beaucoup d’autres manifestants. Avant de disposer, il a été acculé de questions notamment de la part des avocats de la défense sur le degré d’implication du commandant Toumba Diakité dans le massacre. La victime s’est contentée de dire qu’il l’a vu inviter les leaders, mais il dit ignorer ce qui s’est passé par la suite.

A la reprise de l’audience après la pause de la mi-journée, c’est Mamoudou Sow qui a comparu. C’est une nouvelle victime qui se plaint de coups et blessures.

Il dit avoir reçu un coup de cross sur la mâchoire de la part de deux gendarmes qui l’avaient intercepté alors qu’il voulait se mettre à l’abri du massacre. Les mêmes agents lui ont retiré sur place, son téléphone de marque Samsung et une somme de 50 mille francs guinéens, a ajouté le plaignant. A cause de ses blessures, il est transporté à l’hôpital Donka par les soins de la Croix rouge. Dans cet établissement sanitaire, la radio a révélé la fracture de sa mâchoire. Cependant, a déploré Mamoudou Sow, il a passé une vingtaine de jours avant d’être pris en charge à cause d’un déficit de produits à l’hôpital à l’époque. Pour les opérations, il a passé quatre mois dans son lit de malade. La partie civile a informé qu’elle continue de garder les séquelles de ses blessures. Pire, a insisté Mamoudou à la barre, ce coup de cross a créé une crise permanente chez lui.

Mamadou Aliou Diallo a été la dernière victime à comparaître au compte de la journée du mardi. Le quadragénaire est né à Lélouma. Il se plaint de coups et blessures.

Selon Mamadou Aliou Diallo, il fait partie des premières victimes du massacre du 28 septembre en 2009. Il dit avoir reçu une balle sur les fesses au niveau de la Bellevue dans la commune de Dixinn. Il tentait de rallier le stade pour participer au meeting des forces vives, a-t-il dit. Il a été secouru par ses compagnons avant d’être admis dans une clinique à Commandayah. De là-bas, il est conduit au service des urgences à l’hôpital Donka où il a fait la radio. Étant à Donka, Mamadou Aliou Diallo a affirmé avoir été témoin du passage des bérets rouges qui ont pillé la pharmacie de l’hôpital. Il est passé dans d’autres hôpitaux où il a fait des opérations. En dépit de ces traitements, a informé la partie civile, la balle n’a toujours pas pu être extraite de son corps. Aujourd’hui, Mamadou Aliou dit être incapable d’exercer son métier de menuisier et vit désormais dans son village à Lélouma. Il accuse les éléments de l’anti-d’orgue d’être à la base de sa mésaventure.

Mercredi, Abdoulaye Djibril Barry né en 1984 à Gongoré dans la préfecture de Pita a été la toute première victime à faire sa déposition devant le tribunal criminel

Ce lundi 28 septembre 2009, il dit être parti de chez lui à Hamdallaye Gnariwada dans la commune de Ratoma, pour le stade. Malgré les tractations entre le groupe auquel il appartenait et les agents de maintien d’ordre à Concasseur, à la Bellevue et à Dixinn Oasis, il a pu accéder à l’enceinte du complexe sportif. Mais avant, a-t-il rappelé, le colonel Moussa Tiegboro Camara les avait menacés qu’en allant au stade, ils auront, ce qu’ils auraient cherché. En marge du massacre, il a eu certes des difficultés à cause des menaces qui planaient sur tous les manifestants, mais il a pu s’en sortir indemne. Il n’a reçu aucun coup et n’a rien perdu, a insisté le plaignant. Cependant, Abdoulaye Djibril témoigne avoir vu des blessés au stade et des agents habillés en maillot de Chelsea. En plus de ces agents et le colonel Moussa Tiegboro Camara, la victime a pu dévisager le colonel Ansoumane Camara dit Bafoé et le margis chef Mamadou Aliou Keita. Ce gendarme qu’il connaissait depuis 2006 à Hamdallaye, a tenté de l’assommer de coups à l’aide de matraques et de couteau à l’esplanade, mais en vain, a révélé Abdoul Djibril Diallo.

Ramatoulaye Barry a aussi comparu. La trentenaire n’est pas une victime en tant que telle, mais elle a représenté sa sœur du nom de Kadiatou Barry, absente du pays pour des raisons de santé.

La dame a expliqué que sa sœur s’est constituée partie civile dans ce dossier pour avoir perdu son mari du nom de d’Alpha Oumar Diallo. La victime s’est rendue au stade du 28 septembre en 2009 pour participer au meeting des forces vives alors qu’il était en congé à Conakry après être revenu de l’Espagne où il résidait. Il n’est plus rentré à la maison après le massacre. Selon Ramatoulaye Barry, sa sœur avait aussitôt entrepris des recherches dans les morgues, les camps et les lieux de détention, mais ses efforts sont restés vains. Alpha Oumar Diallo s’en est allé sans enfant parce qu’il venait de se marier, a révélé sa belle-sœur à la barre. Son épouse, à travers sa représentante, demande justice et le corps de son mari, introuvable jusqu’ici.

Thierno Mamadou Diallo a été la troisième victime à faire sa déposition dans la matinée du mercredi. Le quadragénaire s’est constitué partie civile pour des faits de torture.

Il a expliqué avoir été raflé par des militaires au stade après l’irruption des bérets rouges. Il a été assommé de coups avant d’être embarqué dans un pickup pour le camp Koundara, actuel camp Makambo. Là-bas, lui et d’autres manifestants interpellés ont été conduits au troisième étage, dans une salle d’entraînement, a ajouté le plaignant. Selon Thierno Mamadou Diallo, Paul Mansa Guilavogui qu’il appelle Sergent Paul, faisait partie des militaires qui les torturaient et qui les insultaient avec grossièretés. Selon lui, on les superposait les uns sur les autres comme des sardines, on les invitait à prendre le café. Et, dit-il, ce café, ce n’était pas pour manger, mais pour se mettre à terre afin de recevoir 50 coups chacun, faire des exercices de commando, aboyer comme des chiens, magnifier Dadis et s’étaler en fixant le soleil, a décrit la victime. Thierno Mamadou Diallo a recouvré sa liberté au bout d’une semaine après avoir payé 2 million 500 mille francs guinéens, suite à des négociations.

Après la pause de la mi-journée mercredi, deux nouvelles victimes ont été entendues par le tribunal clôturant ainsi la semaine.

Oui. Il s’agit de Mamoudou Barry né en 1979 à Mamou et d’Abdoulaye Djibril Diallo né en 1974 à Labé. Le premier a porté plainte pour avoir perdu son père au stade. Le corps de la victime a été retrouvé à l’esplanade de la mosquée Fayçal avec des traces de balles. Il a été convoyé puis inhumé à la carrière, a précisé son fils devant le tribunal. Le second se plaint de coups et blessures à la fois sur la tête et au pied alors qu’il cherchait à se sauver du massacre. Le quadragénaire a également témoigné avoir vu des femmes nues se faire traîner par des policiers avant de parler des manifestants qui se faisaient violenter et poignarder. Le procès est renvoyé au 16 octobre prochain.

Sékou Diatéya

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