Procès du 28 septembre : le Général Oumar Sanoh parle de 155 corps envoyés au camp Samory

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  • 15 novembre 2023 15:07

  • Justice

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L'ancien Chef d'Etat-major général des forces armées, le Général Oumar Sanoh continue de témoigner de ce qu'il sait des événements du 28 septembre 2009 au tribunal criminel de Dixinn. Il a expliqué que dans la matinée du 28 septembre 2009, il était à son bureau au camp Samory Touré à 7 heures déjà. Il dit avoir appris beaucoup de choses du massacre au stade à travers son poste récepteur.

Il s'est souvenu qu'entre 10 h et 11h, une française, responsable de la croix rouge, l'a appelé au téléphone pour l'informer que son service est débordé au stade. Qu'il y a des blessés et des morts. Elle a donc sollicité, selon Sanoh, de nouvelles ambulances pour secourir les victimes. Il dit avoir appelé ensuite le ministre de la santé, le colonel Abdoulaye Chérif Diaby pour le lui dire. Ce dernier, qui était en route pour son chantier, lui aurait répondu que toutes les ambulances sont sur cales, excepté une seule de l’hôpital Donka qui était déjà dans la course.

Puisqu'elle ne voyait pas de nouvelles ambulances, la Croix rouge a ensuite sollicité des camions. Oumar Sanoh a alors demandé au commandant du train militaire de préparer et d'acheminer trois camions au stade. Un quatrième a été ajouté après. Sous les directives de la française, les chauffeurs ont embarqué les corps pour la morgue de l'hôpital Ignace Deen. Pour n'avoir pas trouvé les responsables de la morgue sur place, les chauffeurs ont décidé d'eux-mêmes d'aller garer les camions dans l'enceinte du camp Samory. Selon l'officier à la retraite, il n'a pas vu les corps, mais il a été porté à sa connaissance que la dame en a embarqué 155 dans les différents camions. Tous ont été transportés à Ignace Deen, plus deux autres retrouvés plus tard. Les camions ont été retournés au parc du train militaire aux environs de 17h, a conclu le témoin parlant de la situation des corps.

[Apres son exposé préliminaire, Oumar Sanoh a affronté les questions des différentes parties au tribunal criminel de Dixinn. Mais avant, ce nouveau témoin est revenu sur les conditions dans lesquelles il a rencontré le président du CNDD dans la soirée du 28 septembre 2009. Selon l'ancien chef d'Etat-major général des forces armées sous le CNDD, il est resté dans son bureau au camp Samory Touré jusqu'à 16h. Il a quitté après pour le camp Alpha Yaya Diallo en compagnie de l'actuel directeur de cabinet du ministère de la défense afin de rendre compte de ce qui s'est passé au fil de la journée concernant l'armée. Ils ont trouvé Dadis dans son salon avec les éléments du salon.

« Quand on est venus, on l'a trouvé en train de crier sur ces éléments du salon en disant que vous m'avez empêché de sortir. Je voulais aller calmer les gens. Quand il veut s'approcher de la porte, tout le monde vient prendre ses pieds. Il a dit qu'il connait les militaires guinéens. Que voilà ce qu'ils ont fait. Qu'ils l'ont trahi. Haba et moi avons cherché à le calmer, mais sans succès. On n'a même pas pu lui faire le compte rendu. Après 17h, on a quitté », a-t-il déclaré.

Étant à la tête de tous les militaires au moment où les événements du 28 septembre survenaient, confirme-t-il que ce sont les forces de défense et de sécurité qui sont les auteures des infractions qui ont été commises au stade ? La question lui a été posée par le substitut du procureur. « C'est ce que j’aurais appris. Qu'il y a des militaires qui ont été là-bas », a répondu le Général de brigade Oumar Sanoh. Quel militaire ? A enchainé Abdoulaye Babadi Camara. « On parle de bérets rouges », a répliqué l'officier. « Je n'étais pas au stade. Je ne sais pas qui sont venus. Mais ce que j'entends et le débat ici, c'est la garde présidentielle », a-t-il ajouté.

Oumar Sanoh a rappelé qu'il a donné des instructions qui ont été respectées par les hommes qu'il commandait. Celles de ne pas sortir des casernes. Il a aussi précisé que la garde présidentielle ne relevait pas de lui, suite à une décision verbale du ministre de la défense de l’époque, le Général Sékouba Konaté.

Sékou Diatéya Camara

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