L'ancien Chef d'Etat-major général des forces armées, le Général Oumar Sanoh continue de témoigner de ce qu'il sait des événements du 28 septembre 2009 au tribunal criminel de Dixinn. Il a expliqué que dans la matinée du 28 septembre 2009, il était à son bureau au camp Samory Touré à 7 heures déjà. Il dit avoir appris beaucoup de choses du massacre au stade à travers son poste récepteur.
Il s'est souvenu qu'entre 10 h et 11h, une française,
responsable de la croix rouge, l'a appelé au téléphone pour l'informer que son
service est débordé au stade. Qu'il y a des blessés et des morts. Elle a donc
sollicité, selon Sanoh, de nouvelles ambulances pour secourir les victimes. Il
dit avoir appelé ensuite le ministre de la santé, le colonel Abdoulaye Chérif
Diaby pour le lui dire. Ce dernier, qui était en route pour son chantier, lui
aurait répondu que toutes les ambulances sont sur cales, excepté une seule de l’hôpital
Donka qui était déjà dans la course.
Puisqu'elle ne voyait pas de nouvelles ambulances, la Croix
rouge a ensuite sollicité des camions. Oumar Sanoh a alors demandé au
commandant du train militaire de préparer et d'acheminer trois camions au
stade. Un quatrième a été ajouté après. Sous les directives de la française,
les chauffeurs ont embarqué les corps pour la morgue de l'hôpital Ignace Deen.
Pour n'avoir pas trouvé les responsables de la morgue sur place, les chauffeurs
ont décidé d'eux-mêmes d'aller garer les camions dans l'enceinte du camp
Samory. Selon l'officier à la retraite, il n'a pas vu les corps, mais il a été
porté à sa connaissance que la dame en a embarqué 155 dans les différents
camions. Tous ont été transportés à Ignace Deen, plus deux autres retrouvés
plus tard. Les camions ont été retournés au parc du train militaire aux
environs de 17h, a conclu le témoin parlant de la situation des corps.
[Apres son exposé préliminaire, Oumar Sanoh a affronté les
questions des différentes parties au tribunal criminel de Dixinn. Mais avant,
ce nouveau témoin est revenu sur les conditions dans lesquelles il a rencontré
le président du CNDD dans la soirée du 28 septembre 2009. Selon l'ancien chef
d'Etat-major général des forces armées sous le CNDD, il est resté dans son
bureau au camp Samory Touré jusqu'à 16h. Il a quitté après pour le camp Alpha
Yaya Diallo en compagnie de l'actuel directeur de cabinet du ministère de la
défense afin de rendre compte de ce qui s'est passé au fil de la journée
concernant l'armée. Ils ont trouvé Dadis dans son salon avec les éléments du
salon.
« Quand on est venus, on l'a trouvé en train de crier
sur ces éléments du salon en disant que vous m'avez empêché de sortir. Je
voulais aller calmer les gens. Quand il veut s'approcher de la porte, tout le
monde vient prendre ses pieds. Il a dit qu'il connait les militaires guinéens.
Que voilà ce qu'ils ont fait. Qu'ils l'ont trahi. Haba et moi avons cherché à le
calmer, mais sans succès. On n'a même pas pu lui faire le compte rendu. Après
17h, on a quitté », a-t-il déclaré.
Étant à la tête de tous les militaires au moment où les
événements du 28 septembre survenaient, confirme-t-il que ce sont les forces de
défense et de sécurité qui sont les auteures des infractions qui ont été commises
au stade ? La question lui a été posée par le substitut du procureur. « C'est
ce que j’aurais appris. Qu'il y a des militaires qui ont été là-bas », a
répondu le Général de brigade Oumar Sanoh. Quel militaire ? A enchainé
Abdoulaye Babadi Camara. « On parle de bérets rouges », a répliqué
l'officier. « Je n'étais pas au stade. Je ne sais pas qui sont venus. Mais
ce que j'entends et le débat ici, c'est la garde présidentielle », a-t-il
ajouté.
Oumar Sanoh a rappelé qu'il a donné des instructions qui ont
été respectées par les hommes qu'il commandait. Celles de ne pas sortir des
casernes. Il a aussi précisé que la garde présidentielle ne relevait pas de lui,
suite à une décision verbale du ministre de la défense de l’époque, le Général
Sékouba Konaté.
Sékou Diatéya Camara