Qui de la CENI ou du MATD, pour organiser les élections : une étude de l’AGSP qui tranche !

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  • 05 mai 2022 12:27

  • Politique

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 Faudrait-il ramener  l’organisation des élections au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ou la laisser à la Commission électorale nationale indépendante ? Depuis des mois, la question  revient fréquemment dans les débats  et nourrit bien des interrogations. L’Association Guinéenne des Sciences politiques s’est  appliquée à saisir la  volonté des électeurs à travers un sondage. Le rapport est édifiant…

Tout a commencé fin décembre 2021 lorsque,  à la surprise générale, le colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition prend un décret des plus controversés.  Duquel il ressort qu’il revient dorénavant au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) d’organisation des élections politiques. Beaucoup de d’observateur n’en croyaient à leurs oreilles. Dans la polémique qui s’en est suivie, certains analystes et commentateurs, prenant avec appréhensions le décret, se sont livrés même  à des interprétations erronées  de son   contenu.

 Se disant surpris de  l’étonnement auquel cette disposition a donné lieu, le ministre Mory Condé  a, lui-même,  été obligé de préciser  que  "dans tous les pays que nous prenons comme modèle, c’est le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation qui est l’organe chargé de gérer les élections''. Rappelant que  c’est à la suite d’une crise de confiance entre les acteurs politiques qu’on est allé vers la CENI, à l’occasion des élections communales de 2005. Plus loin,  le chef du département  de  de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation  a révélé  que  le coût de location du siège de la CENI était de 65 000 euros jusqu’à la prise du pouvoir par le CNRD.  « En ce qui concerne le personnel, la CENI nous a présenté un effectif de 900 et quelques personnes », a-t-il dénoncé. Faisant remarquer que les cadres de la CENI qui se font appeler des techniciens sont tous des fonctionnaires du MATD, payés à la fonction publique et, au même moment,  contractuels au niveau du ministère du Budget. C’est pour toutes ses raisons,  à l’en croire, que le CNRD et le gouvernement se sont dit qu’il fallait  ramener les élections dans la maison mère et permettre aux politiciens d’être dans un comité de veille qui sera associé à toutes les étapes du processus électoral, comme quand ils avaient leurs commissaires à la CENI.

Au niveau des politiques, des leaders  soutiennent  la position des autorités de la transition. Le président de l’ARENA, Dr Koureissy Condé par exemple propose, lui aussi, la nécessité de supprimer la CENI et de revenir au principe républicain où c’est le Ministère de l’Administration du Territoire qui gère les élections : «  on n’a pas besoin que 25 personnes se retrouvent pour gérer et finaliser à la place de 15.000.000 de votants. »

Par contre, une autre  franche importante  de politiciens    s’oppose à  l’option de ramener l’organisation des élections au niveau de l’Etat. En première ligne,  Dr Ousmane Kaba, président du PADES, qui  dénonce notamment le risque d’impartialité et le manque de compétence professionnelle requise des autorités administratives déconcentrées en matière électorale. Pour lui, le pays a un mauvais souvenir des  opérations électorales  organisées par l’Administration du Territoire.  

De toutes évidences, si on s’en tient aux expériences vécues dans le pays, aucune des deux approches n’est irréprochable, chacune ayant ses  avantages et ses conséquences. Cependant, selon une étude menée par l’Association Guinéenne des Sciences Politiques (AGSP) dont le rapport est publié le 13 avril dernier, la CENI reste l’organe de gestion électorale favori des Guinéen en dépit des perpétuelles tensions politiques autour de l’institution. En effet, 66, 63% des personnes sondées  sont favorables au maintien de la    Commission électorale nationale indépendante.

Mieux, près d’un sympathisant sur deux du RPG  (48,7%) préfère l’organisation des élections prochaines par une CENI composée de représentants des partis politiques, de la société civile et de l’administration. Par contre, la majorité des militants de l’UFDG (52%) sollicite une CENI d’experts électoraux compétents pour la gestion du processus électoral. Une CENI technique avec une composition politique est sollicitée de façon générale par les électeurs.  Quoi qu’il en soit, les acteurs politiques de camps opposés doivent apprendre à se faire confiance. Confiance qui, comme on le sait, n’exclut pas le contrôle.

Gilles Mory Condé

 

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