La machine du référendum constitutionnel qui sert de premier pas vers
la fin de la transition, et donc du retour du pouvoir aux civils au Mali, est
lancée. Les militaires ont accompli leur devoir citoyen dans la capitale et
plusieurs autres villes du pays. Ils ont voté par anticipation ce dimanche,
avant le gros lot des électeurs qui devront se rendre aux urnes le 18 juin.
C’est en rangs serrés, et nombreux, que les éléments des Forces armées
maliennes (FAMa) ont troqué leurs armes contre des bulletins de vote pour jouir
de ce droit que leur confère la constitution. C’est, du reste, ainsi que les
opérations de vote se déroulent dans tous les pays démocratiques fonctionnant
normalement.
Sauf que le Mali est un Etat
d’exception, dit en transition politique pour faire plus civilisé et modéré. En
effet, depuis les deux coups d’Etat d’août 2020 et mai 2021, le pays est aux
mains d’une junte militaire qui, y fait la pluie et le beau temps, muselant les
voix discordantes et déclarant persona non grata, qui elle veut. De même, le
Mali où se sont enkystés, comme dans d’autres pays du Sahel, des terroristes
qui endeuillent sans distinction, forces de défense et de sécurité et
populations civiles, n’est plus contrôlé, dans son entièreté, par le pouvoir
kaki en place à Bamako. C’est pourquoi, d’ailleurs, le vote référendaire pour
la nouvelle constitution, n’a pu être réalité à Kidal, dans le nord du Mali. Le
référendum n’ayant pas eu l’onction de l’ex-rébellion qui tient toujours cette
localité, les militaires du camp de l’armée malienne reconstituée n’ont pu
voter.
Quel sort donc pour la suite du
scrutin qui doit consacrer le projet de cette nouvelle constitution dont le
texte est, par ailleurs, toujours contesté par plusieurs parties, opposition,
organisations islamiques et anciens rebelles, certaines menaçant d’appeler à
voter contre ? En attendant le 18 juin, des négociations seraient en cours pour
amener les ex-rebelles, maîtres de Kidal, à lâcher du lest, afin de permettre
aux populations civiles d’aller aux urnes. La partie est donc loin d’être pliée
pour ce référendum qui est loin de faire l’unanimité. Le colonel Assimi Goïta
et les siens s’en réjouiront, peut-être, eux pour qui tous les prétextes sont
bons pour faire durer la transition. A défaut, les militaires feront voter le «
peuple souverain », quelle que soit la portion congrue ! Pourvu que les votants
soient acquis, de gré ou de force !
En tout cas, l’idéal voulu par le
peuple malien est sans aucun doute de sortir, enfin, de ce labyrinthe tortueux
et sans fin d’une transition militaire et de respirer à nouveau l’air de la
démocratie, pour un développement d’un pays aux potentialités énormes, tant sur
le plan humain que celui des ressources naturelles et touristiques.
WS