Règne d’Alpha Condé : Le peuple trahi, la démocratie dévoyée ! (L'Edito de Talibé Barry)

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  • 13 septembre 2021 11:55

  • Politique

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En sortant du Palais Sekhoutouréa, de manière brutale et humiliante, le 5 septembre dernier, après onze ans de règne sans partage, le Pr Alpha Condé doit forcément méditer son sort. Dans le secret d’une introspection tardive, l’octogénaire doit sans doute avoir réalisé qu’il n’aurait jamais dû se fier aux sirènes révisionnistes que feu Kéléfa Sall avait dénoncées comme par prémonition. C’était à l’occasion de ce qui aurait dû être la seconde et dernière investiture de l’ex-opposant historique.

Le 5 septembre 2021, c’est désormais une des cimes de l’histoire guinéenne mouvementée et digne des montagnes russes. Elle fixe dans le marbre le sort d’un homme que Dieu et le peuple ont voulu grandir. Mais qui, lui, choisira de sortir par le toit du Palais Sekhoutourea. Ce Palais présidentiel sous les lambris duquel l’histoire l’a gracieusement logé, au détriment de 23 autres candidats en 2010.

Opposant historique, comme on l’étiqueta à l’occasion de la première élection dite démocratique dans ce pays-martyre, Alpha Condé s’empara du pouvoir suprême en Guinée, auréolé de ses décennies de lutte contre les dérives dictatoriales et les gestions calamiteuses de Sékou Touré, Lansana Conté, Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté.

Après une élection dont le caractère trouble n’a toujours pas livré tous ses secrets, le champion du RPG arc-en-ciel accède néanmoins au saint Graal au détriment d’un Cellou Dalein Diallo, candidat de l’UFDG, qui n’a jamais cessé de contester cette victoire au second tour de la présidentielle de 2010, un triomphe visiblement tiré par les cheveux.

Seulement voilà, cet ex-leader de la FEANF, rompu aux manœuvres politiciennes, devenu ivre d’autorité, réduira son séjour à Sekhoutouréa en une sombre partie de jeu de poker-menteur. Ni la loi, ni les accords politiques, ni les promesses, ni même les serments prêtés la main sur la constitution, plus rien ne valait aux yeux de cet universitaire, pourtant considéré comme le premier président guinéen au rang d’intellectuel de haut vol.

Alpha Condé, au pouvoir, ce sont des scènes macabres de tueries de manifestants, d’embastillement d’opposants, de sanctuarisation du vol de deniers publics et de gabegie. Ses onze ans de règne, c’est aussi des discours aux accents injurieux où les Guinéens sont traités de tortues, alors que ses opposants sont assimilés à des chiens qui aboient.

Fort de ses pouvoirs d’hyper-président, celui qui incarnait pourtant tant d’espoirs, dériva et s’enferma dans son palais glacial, s’y plaisant apparemment comme dans une tour d’ivoire.

L’overdose du pouvoir lui avait si pernicieusement affecté la vue, qu’il ne voyait guère plus loin que les murs de son immense palais au style mandarin. Et au mépris des valeurs démocratiques pour lesquelles il s’est battu quarante ans durant, comme il se plaisait si souvent à nous le seriner, les notions de justice équitable, de gouvernance vertueuse et d’alternance démocratique n’avaient plus ni sens, ni goût pour lui. Ainsi, il imposa aux Guinéens une nouvelle constitution, au prix de dizaines de morts, de centaines de blessés et de dégâts matériels incalculables. Après une présidentielle et une victoire au premier tour, faite de bric et de broc, Alpha Condé s’octroyait un insipide 3ème mandat.

C’est ce nouveau bail de trop, synonyme de trahison de la démocratie et de reniement de soi, que le Colonel Mamady Doumbouya, a interrompu brusquement, le matin du 5 septembre 2021. Ejectant ainsi du fauteuil confisqué, un homme que l’histoire destina à la félicité, mais qui aura gâché onze années de la vie d’un peuple. Un peuple livré aux pires tribulations de ses élites.

Talibé Barry

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