Rénovation et extension du Grand hôtel de l’Indépendance : quand des Sud-Africains font des plans sur la comète

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  • 10 juin 2021 15:52

  • Politique

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 Le projet de  rénovation et d’extension du Grand hôtel de l’indépendance, et de l’hôtel Bel Air, près de deux ans après la signature de la Convention entre la République de Guinée et la Société sud-africaine SNA AND STRUCTURAL ENGINEERS (PTY) LTD est toujours stagnant, à  la stupéfaction générale. Le coût du projet est estimé à 149 millions de dollars us.

 Un habile tour de passe-passe

Il s’agit de la  Convention signée entre la République de Guinée et la Société SNA AND STRUCTURAL ENGINEERS (PTY) LTD, Afrique du Sud. Pour cette signature, la République de Guinée était représentée par Le Ministre d’Etat, Ministre du l’Hôtellerie, du Tourisme et de l’Artisanat, Thierno Ousmane DIALLO et Le Ministre de l’Economie et des Finances, Monsieur Mamadi CAMARA. Ce sont eux qui ont conclu et paraphé cette convention avec la société sud-africaine, représentée par son Directeur Général M Johan STOLTZ le 26 juillet 2019.

Les composantes du projet

Il y a tout d’abord La Phase extension qui Consiste en la construction d’une tour de 18 étages de haut standing, composé de chambres et suites de 5 étoiles, d’appartements et de bureaux, sur la partie remblayée et octroyée par l’Etat.

Ensuite La rénovation et l’exploitation du Grand Hôtel de l’Indépendance dans la catégorie 3 étoiles, y compris la construction et exploitation d’une marina (entendez par marina : Une marina est un complexe résidentiel incluant un port de plaisance), et l’aménagement d’une plage.

L’hôtel Bel air…aussi

La Rénovation et l’extension de l’hôtel Bel Air dans la catégorie 3 étoiles y compris la Construction d’un terrain de Golf de dix-huit tours, dont neuf principaux et neuf secondaires,  la Construction d’un parc d’attraction, la Construction et l’exploitation d’une marina, la Rénovation des Bungalows existants et la Construction de sept autres Bungalows.

La convention reflète l’intégralité des accords entre les parties en relation avec l’objet précisé au point 3. Il annule et remplace tous les engagements antérieurs oraux ou écrits relatifs au même objet qui ont pu être conclus entre les parties avant la date de signature.

Il faut noter que la période de construction comprend une Phase d’études. Il est dit dans la convention que  la société dispose d’un délai de six mois à compter de la date d’entrée en vigueur, pour réaliser l’ensemble des études appropriées, nécessaires pour la détermination du Montant total du projet, et le démarrage des travaux. Ces études dont il s’agit, sont également validées par l’autorité contractante.

Aussi, la société réalise les travaux et  s’occupe des équipements à compter de la validation des études, et dispose  d’un délai de quatre ans, à compter de l’entrée en vigueur de la convention pour l’exécution de cette phase du calendrier des travaux.

Qu’en est-il de la Phase d’exploitation ?

La mise en exploitation projet interviendra à l’issue d’un délai de quatre ans à compter de l’entrée en vigueur de la convention. Elle sera précédée d’une réception des travaux et équipements par l’autorité contractante. Les prestations de maintenance, de gros entretiens et renouvellement des terrains et bien y compris ouvrages, constructions et équipements réalisés à la charge de la société. Laquelle  exécute les prestations de maintenance et de Gros entretiens et renouvellement à compter de la date de mise en exploitation du projet, conformément aux lois et règlements en vigueur, ainsi qu’aux règles de l’art.

Egalement, la société exécute les prestations de maintenance et de Gros entretiens et renouvellement de sorte que les terrains et biens, y compris les ouvrages, constructions et équipements réalisés conviennent toujours à l’usage auquel ils sont destinés, de sorte qu’ils puissent être remis à l’autorité contractante, au terme normal de la convention, en bon état d’entretien et de fonctionnement, et dans un état permettant d’assurer, sous réserve de la mise en œuvre des prestations de maintenance et de Gros Entretien et renouvellement d’un niveau au moins équivalent à celui des prestations de maintenance et de Gros entretien et renouvellement incombant à la société au titre de la convention.

Pendant la durée de la convention, l’Autorité contractante pourra inspecter à tout moment, en présence de la société, l’état des terrains et bien, y compris les ouvrages, constructions et équipements réalisés, sous réserve d’en informer la société au moins 24heures à l’avance et sans préjudice des dispositions des lois et normes en vigueur relatives aux visites techniques.

Le coût des investissements !

Dans la convention, il est écrit que le montant total pour cet investissement est estimé à cent quarante-neuf millions quatre cent dix-neuf milles cent soixante-six et quarante centime de Dollar (149.419.166,40 USD, (ou près de 1.500 milliards de Francs Guinéens), soit  56 257 830, 00 USD pour la construction de la Tour,  52 593 211,40 USD  pour la rénovation du GHI  et 40 568 125,00 USD pour réhabilitation et extension des infrastructures de l’hôtel Bel Air et la construction d’un terrain de Golf. Les 30% sont du fonds propre et 70 %  en emprunt sous réserve de confirmation de coûts après une évaluation contradictoire et rigoureuse des études par les parties.

Expressément, les parties conviennent ce qui est accepté par la société d’inclure la situation du passif social du Grand Hôtel de l’Indépendance dans le montant total du projet. Ledit passif qui se chiffre à deux milliards cinq cent trente-deux millions deux cent douze milles six cent quatre-vingt-sept (2.532.212.687 GNF) francs guinéens sera entièrement payé par la société.

Le montant total du projet sur lequel la société s’engage correspond au montant prévisionnel des investissements du projet actualisé après évaluation contradictoire et rigoureuse des études par les parties, auquel il importe d’ajouter la situation du passif du GHI. Le Montant total du projet sera déterminé à l’issue de la validation des études par l’Etat. La société est seule responsable du Montant total du projet.

Aucune indemnisation ou autre compensation financière, directe ou indirecte, ne pourra être exigée de l’autorité contractante en cas de dépassement éventuel du montant total du projet, sauf dans les cas, et selon les conditions prévues dans la convention.

 

Enquête Mirador

Sous cette même réserve, un surcoût éventuel ne peut induire ni une quelconque réduction des Etudes, Travaux et Prestations prévus par la convention ni plus largement une quelconque réduction des engagements financiers de la société à l’égard de l’Etat.

La société ne pourra donc bénéficier de ses rémunérations que durant la phase d’exploitation. Ce sont là des risques à prendre bien entendu ?

Dans le cadre de l’exécution de la convention et en contrepartie des Etudes, Travaux et Prestations réalisés et fournis au titre de l’exécution des documents contractuels, la société est autorisée à exploiter à ses risques et périls le projet, et percevoir des tarifs et autres rémunérations sur les usagers aux titres des services offerts dans le cadre de cette exploitation.

Même s’il y a un bémol à ce niveau, vu que c’est la société qui fixera à sa guise ses rémunérations et ses tarifs ?

Ces tarifs et autres rémunérations sont librement déterminés et fixés par la société. Et sont destinés à couvrir l’investissement à réaliser, à assurer le service de la dette, à couvrir les charges d’exploitation et de gestion du projet, à assurer une marge bénéficiaire raisonnable à la société, et à payer la redevance domaniale à reverser à l’Etat.

La Redevance Domaniale demeure tout de même à verser au trésor public. A combien se chiffre-elle ?

En contrepartie de l’exploitation du projet, la société est redevable, à compter de la date d’entrée en vigueur, de la redevance domaniale annuelle prévue dans les documents contractuels, notamment les accords de projets.

Votre enquête révèle in fine que rien n’a bougé sur le terrain. Comme si la Période d’exécution  mentionnée dans la convention avait été foulée au pied ?

Dans la partie Phase des travaux et équipements, il est dit que La société réalise les travaux et équipements à compter de la validation des études, et dispose  d’un délai de quatre ans, à compter de l’entrée en vigueur de la convention pour l’exécution de cette phase du calendrier des travaux, sachant qu’elle a 6 mois auparavant pour réaliser les études à compter de la date d’entrée en vigueur. Or, depuis la date à laquelle a été conclue et paraphée la convention, c’est-à-dire le 26 juillet 2019, et le 09 août, date à laquelle les infrastructures leur ont été mises à disposition, se sont écoulées presque un an, onze mois. Rien n’est apparemment fait sur le terrain.

Finalement cette histoire de capitaux promis par le bailleur ne serait que de la poudre de perlimpinpin. Comme si l’on avait à faire à une bande d’escrocs ?

Sur l’aspect investissement, des sources nous apprennent qu’au lieu d’apporter des capitaux de l’entreprise pour réaliser les travaux dont il est convenu, elle se servirait plutôt des fonds engrangés sur d’autres marchés dont elle a la charge en haute guinée pour financer les travaux à Conakry. Ce qui expliquerait le rythme à caméléon dans la matérialisation du projet.

Vous évoquez pour finir le sort réservé au personnel de l’hôtel, dont les salaires ont été finalement gelés par les Sud-africains, se fendant de motifs fallacieux ?

L’autre  goulot d’étranglement dans cette Convention, c’est bien le traitement réservé au personnel qui était sur place avant que la société sud-africaine ne bénéficie de cette convention. Ils ont reçu les salaires jusqu’en mars 2020. Depuis, la société a évoqué l’argument de chômage technique qui malheureusement n’est pas payé. Ils n’ont pas non plus été réglés pour licenciement.

 

 

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