L’affaire Ousmane Sonko connaît un nouveau rebondissement. En effet, la
Justice sénégalaise a ordonné le renvoi de l’opposant devant un tribunal
criminel, pour viols présumés d’une employée d’un salon de beauté, qui n’est
autre qu’Adji Sarr. C’est dire si l’étau se resserre autour du président du
parti des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité
(PASTEF). En tout cas, le moins que le puisse dire, c’est que ce feuilleton
politico-judiciaire qui tient les Sénégalais en haleine depuis 2021, date à
laquelle une plainte a été déposée contre l’opposant Sonko, pour viols et
menace de mort contre Adji Sarr, est loin d’être clos. Cela dit, si le doyen
des juges qui avait reçu les deux protagonistes pour une confrontation, a
finalement décidé de renvoyer l’affaire devant un tribunal criminel, c’est que
le dossier pèse plus que l’on tente de le faire croire. Certes, les partisans
d’Ousmane Sonko crient à une cabale politique dont le but serait d’écarter leur
mentor de la présidentielle de 2024. Mais ceux de la jeune dame voient les
choses autrement. En tout état de cause, il appartient désormais à la Justice
de faire toute la lumière sur cette affaire qui empoissonne l’atmosphère
sociopolitique au Sénégal. C’est d’autant plus vrai que l’arrestation de
l’opposant, en mars 2021, avait entraîné la mort d’une douzaine de personnes et
des dégâts matériels importants. Mais si malgré ces émeutes meurtrières, la
Justice n’en démord pas, c’est qu’elle tient sans doute à affirmer son
indépendance. Et si c’est le cas, il faut saluer cette volonté de ne pas se
laisser dicter la loi de la rue.
La Justice sénégalaise doit travailler à se mettre au-dessus de tout
soupçon
Bien sûr, les partisans de Sonko
y verraient plutôt la main camouflée du politique. En tous les cas, la justice
doit se montrer impartiale dans cette affaire en disant le droit, rien que le
droit. Car, si ce dossier qui relève du droit commun, a pris les allures d’une
affaire d’Etat, c’est en partie parce que certains Sénégalais n’ont pas suffisamment
confiance en leur justice. Et ils n’ont pas totalement tort. Car, même s’ils
n’étaient pas blancs comme neige, des candidats sérieux à l’image de Karim
Wade, Khalifa Sall, ont vu leurs ambitions présidentielles contrariées par des
décisions de Justice. C’est dire si la Justice sénégalaise doit travailler à se
mettre au-dessus de tout soupçon.
Cela dit, Ousmane Sonko va-t-il
subir le même sort que les autres opposants sus-nommés? On attend de voir. Mais
une chose est certaine : le ciel s’assombrit pour Ousmane Sonko. Et tant qu’il
ne sera pas blanchi, le risque de dire adieu à son ambition présidentielle est
grand, ce d’autant que cette affaire lui collera à la peau. L’homme politique
paie peut-être pour n’avoir pas fait sien l’adage selon lequel « un mauvais
arrangement vaut mieux qu’un bon procès ». Il aurait accepté un règlement à
l’amiable comme le lui conseillaient des sages, qu’on n’en serait peut-être pas
là. La posture de la victimisation qu’il a adoptée comme stratégie de défense,
pourrait lui faire boire le calice jusqu’à la lie. Certes, ses avocats ont
promis d’interjeter appel de cette ordonnance du juge. Mais cette action suffira-t-elle à lui éviter un
procès? Rien n’est moins sûr. Et puis, tout porte à croire que le refus de
Ousmane Sonko de se soumettre à certains examens médicaux, notamment le test
d’ADN, a semé le doute dans la tête du juge. Cependant, Ousmane Sonko qui est arrivé troisième à la
présidentielle de 2019, pourrait sortir grandi dans cette affaire, s’il venait
à être blanchi.
D Z