Au cours de la dernière assemblée générale virtuelle de l’UFDG, les
jeunes du parti par la voie de leur premier responsable, ont exigé la reprise
des manifestations. Celles-ci viseraient à protester entre autres contre
la fermeture sans motif du siège et du quartier général du parti et
l’interdiction injustifiée de sortie du territoire national imposée à certains
de ses responsables dont le premier d’entre eux.
La volonté des jeunes de l’UFDG
de revenir aux manifestations place au cœur du débat le rôle de la justice dans
un État de droit.
Pour obtenir la réouverture de
ses locaux, la fin des atteintes à la liberté d’aller et de venir de ses
responsables, l’UFDG a utilisé les voies de droit en privilégiant toujours la
saisine des juridictions. Mais celles-ci se sont toujours déclarées
incompétentes à connaître de ce litige. Or, dans une société, tout litige
devrait avoir un juge pour ne pas que la justice privée prenne le dessus.
En Guinée, on constate que toutes
les fois que la justice ne veut pas vraiment “se mouiller” en examinant le fond
d’une affaire, elle se déclare incompétente ou déclare irrecevable la demande
dont elle est saisie. Elle se limite donc aux questions de forme.
Au regard de ces nombreux
déboires judiciaires, on peut penser que c’est en désespoir de cause que les
jeunes de l’UFDG demandent aujourd’hui la reprise des manifestations qui sont
ainsi perçues comme le seul recours qui leur reste.
C’est dire que dans un pays, la
défaillance de la justice peut être source de frustrations et donner lieu à des
actions dont on aurait pu faire l’économie. Si les jeunes de l’UFDG font le
constat qu’ils ne peuvent pas obtenir gain de cause par voie judiciaire, ils
estiment n’avoir plus d’autre choix que le recours aux manifestations. Il reste
à espérer que le droit constitutionnel de manifester de l’UFDG sera respecté.
C’est qui n’est pas très sûr.
Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier