Le chef de l’Etat guinéen a fait du prochain congrès de la FEGUIFOOT une affaire personnelle. Son message saluant le douloureux retrait d’Antonio Souaré dudit congrès, confirme cette position présidentielle. Mais, tout porte à croire que le désistement du richissime homme d’affaires est loin d’avoir remis les pendules à l’heure. Dans son édito, Talibé Barry a bien senti les non-dits et autres dessous de cette affaire.
Venant du président guinéen, d’ordinaire si prompt à décocher des flèches qu’à caresser dans le sens du poil, le message ne pouvait passer inaperçu. Pourtant, le texte lu sur les ondes de la RTG, ne s’est pas limité à magnifier le retrait de Mamadou Antonio Souaré de la course à la présidence de la FEGUIFOOT. Le locataire du Palais Sekhoutoureah y est même allé d’une verve inhabituelle pour saluer, je cite, « les bons et loyaux services rendus durant son mandat dûment rempli », a déclaré le chef de l’Etat.
Bien que rare mais tout à fait indiqué en direction de l’un des plus grands mécènes du football guinéen, ce message cache cependant des enseignements importants. A l’évidence, le président Alpha Condé a voulu par les mots utilisés mettre du baume au cœur d’un homme sans doute sous le choc et même humilié. Pressé et contraint de renoncer à sa candidature, sous prétexte de menaces non-prouvées de suspension de la Guinée par la FIFA, Mamadou Antonio Souaré a dû s’y résoudre pour, visiblement, éviter le courroux d’Alpha Condé. Ce dernier a donc été marqué par la résignation du président sortant de la FEGUIFOOT.
Ce message du chef de l’Etat résonne aussi comme une sorte d’excuse qu’il présente à une frange non-négligeable de Guinéens, qui portent Antonio Souaré en estime au regard de sa place dans l’arène footballistique guinéenne. « Je le remercie aussi pour les efforts et les sacrifices qu’il n’a de cesse consentis pour l’honneur et la gloire du football national à la fois une passion personnelle et un engagement citoyen de tous les instants », a écrit le président guinéen.
L’autre grille de lecture du message, en fait peut-être une astuce présidentielle visant à encourager M. Souaré à aller jusqu’au bout de son geste, en contribuant à sortir le prochain congrès de l’impasse qui le menace. En témoigne le tollé suscité par l’annonce de son retrait dans les milieux footballistiques réputés favorables à l’homme.
Pr Alpha Condé est donc conscient que la crise autour du congrès du 14 mai, n’en est pas à son épilogue. C’est pourquoi, le président de la République qui parle d’un exemple de dépassement donné par Mamadou Antonio Souaré, a conclu son laïus en souhaitant que, je cite, « je sois entendu et compris de tous pour un nouveau départ de notre football cher à tous ».
Entre ce souhait présidentiel et les échos qui remontent du théâtre du congrès électif du 14 mai prochain, le fossé semble difficile à combler. D’autant que depuis le retrait d’Antonio Souaré, des membres statutaires montrent les dents, en exigeant un report dudit congrès suivi de la réouverture des candidatures. Au passage, ces congressistes de la FEGUIFOOT, se sont pourvus en recours contre le seul candidat en lice, Aboubacar Touré alias Tree.
C’est comme si le retrait d’Antonio Souaré n’était en réalité que le déclencheur d’une crise plus profonde, aux conséquences incalculables. Hélas, pour le football guinéen et ses millions de fans !