L’homme sec de Kigali rebelote pour la quatrième fois ! C’est le
contraire qui aurait étonné l’opinion, car Paul Kagame, malgré la main de fer
qui serait la sienne en matière de gouvernance du Rwanda et ses implications
dans des crises de la région, notamment son soutien au M 23 qui met le sud-Kivu
congolais sous coupe réglée avec sa kyrielle de morts et de déplacés, le président
rwandais jouit d’une popularité que rien ne semble pouvoir écorner dans son
pays et ailleurs. Pas même ses bisbilles régulières avec la France, les
Etats-Unis ou les Nations Unies, sur des dossiers de la République démocratique
du Congo. Affaire qui a même empêché la secrétaire générale de la Francophonie,
la Rwandaise Louise Mushikiwabo de prendre part aux IXe Jeux de la Francophonie
à Kinshasa du 28 juillet au 6 août. De même, Paul Kagame, bien que traité
d’anti-démocrate par les Occidentaux et les parangons de la démocratie, loin
d’être désavoué par son peuple est plutôt par lui adulé, à moins que ce soit de
la crainte, plutôt que de l’amour.
« Oui je servirai toujours (les
Rwandais) tant que je pourrai (…). Chercher à transplanter la démocratie chez
quelqu’un d’autre, c’est déjà une violation de la démocratie en soi ». Le décor
planté par le président du pays le mieux cité comme modèle en matière de
gouvernance en Afrique, s’oppose simplement à ce corset dans lequel les
Africains étouffent et en desserrent les lacets par tous les moyens, y compris
par l’organisation d’élections dont la plupart sont tronquées et ne sont que
source de déstabilisation et de conflits fratricides. Si l’Afrique n’est pas
prête pour la démocratie, comme le disait Jacques Chirac, elle est, en tout
cas, en train d’être rattrapée par les coups d’Etats qui s’enfilent à un rythme
inquiétant.
La démocratie en Afrique, si elle
n’a pas atteint ses limites, fait en tout cas le lit aux coups de force, vu que
nombre de chefs d’Etat démocratiquement élus, même des opposants historiques,
s’en servent pour assouvir des intérêts égoïstes et personnels, encourageant
une patrimonialisation du pouvoir. Quid du peuple ? Il est relégué au second
plan, végétant dans la misère et l’obscurantisme et ne servant que de bétail
électoral dont les dirigeants profitent et abusent de la misère.
En tout cas, Paul Kagame,
président rwandais depuis 23 ans maintenant, ira à son quatrième mandat et plus
si affinités ! Que veut le peuple, si ce n’est le pain. Et quand en plus,
Kagame ne cesse de surfer sur la parenthèse douloureuse du génocide dont
certaines puissances comme la France se reprochent de grands pans entiers de
responsabilité, c’est dire que le Rwanda restera un pays épouvantail auquel
bien des égards, qu’il ne mérite pas toujours, seront accordés. Une chose est
certaine, à moins d’un événement indépendant de la volonté de l’homme, la
constitution approuvée par référendum en 2025, lui ouvre le boulevard
présidentiel, jusqu’en 2034.
Pour le reste, Paul Kagame est « désolé pour l’Occident » car « ce que ces pays pensent n’est pas notre problème », a-t-il signifié, sans ciller, à nos confrères de Jeune Afrique. Il devient de plus en plus urgent pour l’Afrique de s’élaborer sa démocratie ou trouver son système de gouvernance selon ses propres réalités.
ws