Le président français Emmanuel Macron doit annoncer mercredi la fin officielle de l’opération anti-jihadiste Barkhane au Sahel, lors d’une présentation des nouveaux défis stratégiques majeurs auxquels fait face Paris dans une géopolitique mondiale bouleversée par la guerre en Ukraine.
Le discours de M. Macron, en visite à Toulon (sud-est), sera
notamment « l’occasion de marquer officiellement la fin de l’opération Barkhane
et d’annoncer une adaptation significative de nos bases en Afrique », a indiqué
le palais de l’Elysée.
Cette annonce doit toutefois être sans conséquence sur le
dispositif militaire français dans la région sahélienne, où la France compte
environ 3.000 militaires encore déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso,
après avoir compté jusqu’à 5.500 hommes au plus fort de son déploiement.
L’armée française a quitté le Mali en août, après neuf ans
de présence, poussée par la junte au pouvoir qui travaille désormais – même si
elle s’en défend – avec le sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner.
Elle reste toutefois dans la région et continue à lutter
contre les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique, qui
étendent progressivement leurs activités vers les pays du golfe de Guinée.
Selon l’Elysée, le principe est de « réduire l’exposition et
la visibilité de nos forces militaires en Afrique et se concentrer sur la
coopération et l’appui (…), principalement en termes d’équipement, de
formation, de renseignement et de partenariat opérationnel lorsque les pays le
souhaitent ».
Sans abandonner la lutte anti-jihadiste, Paris doit composer
avec une opinion africaine de plus en plus hostile et une influence de
puissances rivales, Moscou en tête, qui se renforce via réseaux sociaux et
médias officiels.
Cette annonce doit s’inscrire dans la présentation par M.
Macron des grands défis stratégiques qui s’imposent à la France, à la lumière
notamment du conflit en Ukraine qui aggrave la rivalité entre grandes
puissances et les risques de conflits entre Etats.
– Stratégies hybrides
–
En Europe, selon la « Revue nationale stratégique » (RNS)
dont le président français présentera les grandes lignes, la Russie déroule une
« stratégie de remise en cause de l’ordre de sécurité euro-atlantique » via une
« guerre de nouvelle génération » mêlant « menace d’escalade nucléaire » et
déploiement de « stratégies hybrides », sous le seuil du conflit armé.
Dans ce contexte, « la France réaffirme son ambition d’être
en 2030 une puissance d’équilibres sur la scène internationale, qui a renforcé
son rayonnement et son influence dans ses zones d’intérêt », selon un
conseiller présidentiel.
« Elle se veut un des moteurs de l’autonomie stratégique
européenne (…) au travers notamment d’une défense européenne crédible,
complémentaire de l’Alliance atlantique », ajoute-t-il.
L’édition 2022 de la RNS confirme des tendances lourdes déjà
identifiées en 2017, avec notamment pour la France le besoin d’un modèle
d’armée complet.
Mais elle insiste aussi sur certains concepts comme la
résilience, l’économie de guerre ou encore l’influence, à la lumière des
premiers enseignements du conflit en Ukraine.
Emmanuel Macron a demandé dès juin aux industriels de défense
de s’efforcer de produire davantage et plus rapidement, à des coûts maîtrisés,
pour faire face à la nouvelle donne géopolitique mondiale.
En 2030, la France devra être en mesure de faire face avec
ses alliés à « un éventuel retour d’un conflit interétatique de haute intensité
» et aux « stratégies hybrides », passant par la guerre cyber et de
l’information, poursuit la RNS.
Ce discours intervient alors qu’exécutif, parlementaires et
états-majors planchent sur la prochaine loi de programmation militaire (LPM)
2024-2030, qui devra poursuivre un effort budgétaire initié en 2017.
Le président ne fera toutefois aucune annonce sur cette
future loi de programmation, mais le budget défense promet de rester en hausse.
« On ne prépare pas une LPM qui rabote la montée budgétaire des dernières
années », commentait récemment le ministre des Armées Sébastien Lecornu.
Agence France Presse
(AFP)