La communauté africaine, à travers ses institutions que sont l’Union Africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) vient de raidir sa position contre les juntes militaires du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali. En serrant davantage les boulons des sanctions, avec en sus une interdiction de voyager, imposée aux membres des gouvernements et gros bonnets des régimes de ces pays. Comme pour inviter les autorités de ces États en transition, à aller au petit trot, pour en finir avec cette zone grise.
L’empressement de M. Mory Sanda Kouyaté, le chef de la
diplomatie guinéenne et ses homologues du Burkina et du Mali, à prendre
d’assaut les travées du siège de l’Union Africaine, à Addis-Abeba n’aura pas
tempéré les rigueurs des chefs d’État africains, réunis dans le cadre du 36ème
sommet de cette institution continentale.
On en veut pour preuve ces mesures crève-cœurs qui ont été
prises à l’issue de cette grand-messe à l’encontre de ces pays de la
sous-région, en proie à une transition.
La nouveauté cette fois, a été de maintenir non seulement
les sanctions en vigueur, mais d’étendre la palette à des individus. Car l’UA
et la Cédéao en seraient à la conclusion que les sanctions économiques font
plus de mal aux peuples qu’aux gouvernants.
Pour éviter que les populations ne soient les seules à
trinquer, quand leurs dirigeants faillissent, il faudrait réajuster dorénavant
la mire.
Les chefs d’Etats de la Cédéao ont donc profité de cette
rencontre d’envergure pour en remettre une louche. En interdisant aux membres
des gouvernements de ces pays en transition de voyager, ils entendent ainsi
réduire la marge de manœuvre de ces États. Une façon de les contraindre à
entendre raison, pour gérer leurs transitions de manière consensuelle.
Les présidents ont aussi émis des réserves sur le comité mis
en place par le pouvoir de Conakry, pour la gestion de la feuille de route de
la transition. Un rejet qui sonne comme un camouflet pour le colonel Mamadi
Doumbouya et son gouvernement. Certains observateurs pensent toutefois que les
autorités guinéennes n’en auraient cure de toutes ces éructations de la
communauté internationale.
Ils ajoutent aussi que la Guinée subirait les effets
collatéraux du courroux des Occidentaux contre Bamako et Ouagadougou, pour leur
penchant moscovite. Avec le déploiement du groupe Wagner au Mali et des rumeurs
de l’arrivée des combattants du groupe du côté du Burkina. Deux pays en proie
aux attaques djihadistes.
En tout état de cause, le pouvoir de Conakry serait
suffisamment responsable pour éviter de se jeter la tête la première, dans un
bras de fer avec la communauté internationale.
Mamadou Dian Baldé