Lors du sommet d’Accra du 4 juin dernier, les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont dû ronger leur frein, en s’abstenant de déployer des sanctions contre les régimes putschistes du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali. Cette magnanimité, dont on n’a pas encore cerné tous les contours, à l’endroit de ces États, plongés dans des périodes d’exception sonne comme un véritable coup de bambou. Notamment aux yeux des Cassandres qui avaient prédit l’apocalypse pour la Guinée, dont la junte semblait en mauvaise posture, depuis les échanges à fleuret peu mouchetés avec l’ancien président de la Commission de la Cédéao, autour de la durée de la transition.
Le ciel ne nous est finalement pas tombé sur la tête. Comme
cela avait été prédit par les Cassandres. La Guinée est passée de nouveau entre
les gouttes. Le sommet des chefs de la Cédéao ayant reporté sine die le
déploiement des sanctions contre les régimes putschistes, dont celui de
Conakry.
En attendant de savoir ce qui a plaidé en faveur de cette
diplomatie de la douceur à l’endroit des putschistes, alors que des sources
diplomatiques prédisaient de lourdes sanctions contre ces gouvernements, dont
particulièrement celui de la Guinée, cette rémission pourrait permettre à notre
pays de souffler.
Après que le CNRD se soit fait souffler dans les bronches,
respectivement par Jean-Claude Kassi Brou et Macky Sall, sur les 36 mois,
adoptés comme durée de la transition. Des capucinades auxquelles les autorités
de la transition ont parfois répliqué au coup pour coup. Au nom du nationalisme
ombrageux dont la Guinée a toujours fait montre, depuis le « NON » à De Gaulle
le 28 septembre 1958.
La Conférence d’Accra a toutefois exprimé sa vive
préoccupation face ‘’à la détérioration de la situation sociopolitique dans
notre pays, du fait notamment de l’absence d’un cadre de dialogue approprié
entre le gouvernement et les acteurs politiques et de la société civile. Tout
en restant également préoccupée par la durée de la période de transition de 36
mois annoncée par les autorités de la Guinée’’, peut-on lire dans le communiqué
final qui a sanctionné le sommet.
Dans la même foulée, la Conférence demande ‘’la finalisation
d’un chronogramme de transition acceptable ; la mise en place d’un cadre de
dialogue approprié avec les acteurs politiques et de la société civile, afin de
faire baisser la tension socio-politique et favoriser une transition pacifique’’.
Et la cerise sur le gâteau, a été la confirmation de la
nomination de M. Mohamed Ibn Chambas, en qualité de Médiateur de la CEDEAO pour
la Guinée.
A la Guinée de faire amende honorable, avant le prochain
sommet ordinaire du 3 juillet 2022, où elle sera de nouveau passée au laminoir.
Mamadou Dian Baldé