Le spectacle est désolant ! Difficile de trouver un autre mot pour
qualifier la pluie de violences qui s’est abattue sur le Sénégal après le
délibéré du procès intenté contre Ousmane Sonko par l’ex employée d’un salon de
massage, Adji Sarr qui a accusé l’opposant de « viols répétés et menaces de mort
» sur sa personne. La note est tombée ce jour, bien salée pour le patron du
parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la
fraternité (Pastef) qui risque de se voir privé de ses droits civiques.
Certes, Ousmane Sonko a été lavé
des accusations de viols et de menaces de mort pour lesquelles le juge avait
requis contre lui 10 ans de prison ferme. Toutefois, celui qui se dit être
victime d’une cabale politique ourdie par le pouvoir en place, n’a pas échappé
à la condamnation de deux ans ferme pour « corruption de la jeunesse », selon
l’article 324 du code pénal, compris dans la section « attentat aux mœurs ».
Quel recours possible pour le candidat à la présidentielle de février 2024 qui
a refusé de comparaître lors du jugement du 23 mai, si sa « sécurité » n’était
pas garantie, et qui n’était pas non plus présent lors du prononcé de la
décision de la chambre criminelle de Dakar ? En dehors d’un règlement
politique, ou d’une situation autre que judiciaire, presque rien d’autre ne
s’offre au maire de Ziguinchor, comme porte de sortie sans dégât, vu qu’il a
été jugé par contumace. Sans donc avoir réellement commencé, la course au
fauteuil de Macky Sall, s’est prématurément arrêtée pour le candidat de Yewwi
Askan Wi, la plus grande coalition de l’opposition sénégalaise. Et ce qui
devait arriver arriva !
Ousmane Sonko, conscient que son
salut ne peut désormais venir que de la « rue » avait bien conditionné ses
militants, les appelant « à se mobiliser comme un seul homme pour faire face à
Macky Sall ». Aussitôt le verdict tombé, et parce que Ousmane Sonko peut être «
arrêté » à tout moment, Dakar et d’autres villes du pays de la Teranga sont
entrées en ébullition : affrontements violents, courses poursuites en règle
entre manifestants et forces de l’ordre, saccages de biens privés et publics,
pneus et autres objets brûlés, barrages de voies, fermeture d’écoles, etc.
Comme si elle avait senti le roussi pour son maire, la ville de Ziguinchor,
elle, avait pris de l’avance dans les manifestations violentes. Dans le but de
faire tomber cette fièvre qui était, il faut le reconnaître latente, les
autorités, en plus des mesures du maintien d’ordre, ont procédé à la
restriction de l’accès à l’internet, notamment les réseaux sociaux comme
WhatsApp, Facebook, Twitter, Youtube, Instagram. Toute chose qui donne des
allures de régime de dictature, au pays régulièrement cité comme un exemple de
démocratie sur le continent africain.
De toute évidence, pour une
histoire de fesses, tout peut basculer au Sénégal, qui jusque-là frôle le pire
sans jamais franchir le Rubicon ! D’où viendra cette fois-ci le sauveur du pays
d’hospitalité et de tolérance ? Un Sénégal qui abrite actuellement, et
paradoxalement est-on tenté de dire, le « dialogue national » initié par le
pouvoir qui rencontre le « contre dialogue » organisé par les « forces vives »
! Ousmane Sonko sera-t-il celui par qui le feu tombera sur le Sénégal, en
bravant la justice et en défiant l’autorité étatique, alors que lui-même aspire
à diriger le pays ? Macky Sall, bien que
n’ayant pas dissipé les doutes sur une «3e candidature », n’a pas dit, pas
officiellement en tout cas, qu’il irait au mandat de plus. Il urge donc que
Ousmane Sonko se soumette à la justice et que Macky Sall abandonne tout flirt
avec un mandat illégitime. Le Sénégal leur en sera reconnaissant !
Une fois de plus, des politiciens, pour des intérêts égoïstes et très personnels vont pousser à la destruction d’un pays par ses propres fils, et eux se retrouveront après dans des salons feutrés et climatisés pour négocier le retour de la paix ! Il est temps que chaque partie mette de l’eau dans son vin, pardon dans son bissap, pour ramener le calme ! L’affaire a déjà fait assez de morts dans des manifestations. Question : les populations n’ont donc pas encore compris qu’elles ne doivent plus risquer leur vie pour des politiciens qui n’ont d’autre but que le pouvoir et ses honneurs ?
WS