Le président Macky Sall a lancé mardi 10 mai un programme qui accorde
80 000 FCFA (l’équivalent de 120 euros) à chacune des quelque 543 000 familles
vulnérables répertoriées. L’opération vise à soulager les plus démunis face à
la hausse des prix, dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la pandémie
de Covid. Une réponse d’urgence, mais qui a aussi ses limites selon certains
économistes.
En 2020 en pleine pandémie de
Covid, le gouvernement avait lancé une distribution de kits alimentaires : sacs
de riz, paquets de sucre ou encore bidons d’huile. Cette fois, il s’agit d’un
transfert de cash via téléphone mobile. Les ménages bénéficiaires, identifiés
en amont par des comités locaux, sont inscrits au Registre national unique. Une
opération dans le cadre d’une politique « volontariste d’inclusion sociale »,
selon le président Macky Sall.
« L'objectif est de donner 80 000
francs par ménage et à améliorer ainsi leur niveau de consommation et
l'éducation de leurs enfants. Nous avons réussi ce pari grâce à un montage
financier innovant en matière d'assistance sociale et de solidarité nationale.
»
Il s'agit d'une approche « ciblée
et efficiente » selon le directeur des opérations de la Banque mondiale,
principal partenaire financier du programme. Pour Nathan Belete, il permet à
chaque famille bénéficiaire « de répondre à ses besoins particuliers, en
faisant des achats auprès de commerçants et en dynamisant l’économie locale ».
Une aide directe, mais dont
l’efficacité n’est pas garantie, estime l’économiste Souleymane Astou Diagne :
« Ce mécanisme ne permet pas au gouvernement de s'attaquer aux maux de
l'économie sénégalaise. Aujourd’hui, le problème réel est celui de la
productivité. Il y a aussi une faiblesse des infrastructures, de capital
humain, le manque de maitrise de l'eau et de l'énergie. Donc si cela peut
soulager, cela ne règle rien. L'effet sera très éphémère. »
L’enseignant-chercheur
s’interroge aussi sur « les motivations électorales » de l’opération, avant les
législatives de juillet. Selon les autorités, les efforts du gouvernement ont
permis un recul de 5% du taux de pauvreté.
Avec RFI