Au Sénégal, cela peut être des sifflements, des remarques déplacées,
des « frottements » dans les transports, des agressions. Le harcèlement de rue
subi par les femmes dans l’espace public à Dakar est au centre d’un projet
artistique et de recherche, baptisé « Territoires ». Il comprend notamment une
exposition, qui vient d’ouvrir au musée de la Femme Henriette Bathily, sur un
phénomène jusqu’ici très peu exploré au Sénégal.
« Le harcèlement de rue est
tellement méconnu qu’il n’y a pas de mot pour le définir en wolof. » Une femme,
dans la ville, debout et enveloppée dans une couverture de survie : c’est
l’affiche de cette exposition, au musée de la Femme Henriette Bathily, qui
regroupe photos, dessins, textes ou vidéos.
À l’origine du projet, l’artiste
française Sophie Le Hire : « L’objectif, ça a été vraiment de déjà mettre en
lumière ce problème, le fait que quand on est une femme et qu’on sort dans la
rue, on ne se sent pas en sécurité. Donc, il fallait essayer de comprendre
pourquoi, ce qui se joue. Moi, mon élan est d’abord artistique, ça a été
d’imaginer la ville comme un être vivant. C’est une métaphore de l’agresseur. »
Le projet « Territoires » associe
également des expertes - psychologue, sociologue, urbaniste ou encore juriste
-, pour une réflexion collective sur le phénomène du harcèlement de rue à
Dakar.
« Elles ont réfléchi, elles ont
questionné, interrogé et elles ont écrit. Et on ajoutera à cela un
questionnaire, une enquête de terrain sur 350 femmes qui ont témoigné. Ce que
ce projet essaie de faire : ouvrir un dialogue qui permettrait d’identifier la
problématique et du coup, pouvoir la changer, pouvoir la résoudre », détaille
Ken Aïcha Sy, actrice culturelle.
Une exposition qui s’adresse aux
femmes, aux hommes, aux jeunes, et également aux institutions. L’exposition «
Territoires », c’est jusqu’au 15 mai à Dakar.
Avec Rfi