Donald Trump a plaidé non coupable de falsifications de documents comptables mardi dans un tribunal de New York, lors d’une audience pénale historique qui a réveillé les passions en Amérique et ouvert la voie à un procès dans moins d’un an.
Reparti
libre sans contrôle judiciaire, l’ancien président de 76 ans pourrait avoir à
affronter un procès en janvier 2024, même s’il va tout tenter pour éviter cette
épreuve avant l’élection présidentielle, à laquelle il est candidat.
Le
républicain, le premier président américain à subir un tel sort, est visé par
34 chefs d’accusation qui portent sur des paiements pour étouffer trois
affaires embarrassantes avant l’élection de 2016, selon l’acte d’accusation
dévoilé mardi.
Son avocat
Todd Blanche a dénoncé une « triste » inculpation « toute faite » et a promis
de la combattre. Dans la salle d’audience bondée du tribunal, Donald Trump
s’est montré le visage fermé, l’air sévère. Il a passé environ deux heures dans
le palais de justice de Manhattan.
Rendez-vous à Mar-a-Lago
Le
septuagénaire a donné rendez-vous à ses fidèles et ses dizaines de millions
d’électeurs pour une conférence de presse depuis sa résidence Mar-a-Lago, en
Floride, à 20H15 (00H15 GMT mercredi). Entouré de gardes du corps,
l’ex-locataire de la Maison Blanche qui ambitionne d’y retourner en 2024, était
arrivé au palais de justice dans un convoi sous très haute sécurité survolé par
les hélicoptères des médias américains.
Devant le
palais de justice, des poignées de militants pour et contre Trump, parfois
hauts en couleurs, ont été séparés dès les premières invectives les autorités
étant soucieuses que cette situation tendue, déjà au cœur d’une couverture
médiatique exceptionnelle, ne dégénère pas.
Pro et anti-Trump
Ses
détracteurs avaient déployé une immense banderole « Trump ment tout le temps ».
Le milliardaire clame son innocence et assure être victime d’une « chasse aux
sorcières » orchestrée par les démocrates du président Joe Biden, qui lui
aurait « volé » sa victoire à la présidentielle de 2020. Le démocrate a fait
savoir que cette comparution n’était « pas une priorité » pour lui, selon la
porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.
New-Yorkais
de naissance, Donald Trump a passé la nuit dans sa luxueuse « Trump Tower » et
a dû se soumettre, au tribunal, au rituel imposé à tout prévenu : décliner son
nom, âge et profession, effectuer un relevé d’empreintes digitales. En
revanche, il a vraisemblablement échappé au fameux « mugshot » la prise en
photo d’identité judiciaire, source de tant d’humiliations publiques pour les
stars aux Etats-Unis.
Les chefs
d’inculpation sont notamment liés à des fraudes comptables lors du versement
légal en octobre 2016 et au remboursement par la suite de 130.000 dollars à
l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels.
Violation électorale ?
De son vrai
nom Stephanie Clifford, cette femme, qui collabore avec la justice depuis cinq
ans, était censée taire une supposée et très brève relation extraconjugale en
2006 avec Donald Trump, qu’il nie.
Les 130.000
dollars qu’elle avait touchés d’un ancien avocat et homme à tout faire de
l’ancien président, Michael Cohen lequel a fait de la prison et s’est retourné
contre son patron en 2018 n’avaient pas été déclarés dans les comptes de
campagne du candidat Trump à la présidentielle de 2016.
Une possible
violation des lois électorales de l’Etat de New York : cette somme avait été
enregistrée, potentiellement illégalement, comme « frais juridiques » dans les
comptes de son entreprise Trump Organization, déjà condamnée en décembre et
janvier à une amende au civil de 1,6 million de dollars pour fraudes.
Au-delà de
cette affaire, Donald Trump, qui a été mis en accusation deux fois par le
Congrès, est visé par plusieurs autres enquêtes, notamment sur son rôle dans
l’attaque du Capitole, sa gestion des archives présidentielles ou encore des
pressions exercées sur des responsables électoraux en Géorgie.
Agence France Presse (AFP)