Aujourd’hui, 22 août 2023, se tient en Afrique du Sud, et ce jusqu’au
24, le 15ème sommet des BRICS qui regroupent les cinq grandes puissances
émergentes du monde que constituent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et
l’Afrique du Sud. Une rencontre au sommet qui se tient sans la présence
physique du président russe, Vladimir Poutine. En effet, en raison d’un
mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) à son
encontre, l’homme fort de Moscou a été contraint de renoncer au déplacement de Johannesburg
où il est représenté par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov,
à ce sommet qui, outre l’hôte sud-africain, Cyril Ramaphosa, connaît la
présence du président chinois, Xi Jinping aux côtés de son homologue brésilien,
Luis Ignacio Lula Da Silva et du Premier ministre indien, Narendra Modi dont
les cinq pays constituent la charpente de ce groupement d’intérêt
politico-économique. Mais en l’absence de celui qui aurait sans nul doute été
l’une des grandes attractions de ce sommet, et dont la présence initialement
annoncée malgré l’épée de Damoclès de la CPI, avait fait couler beaucoup
d’encre et de salive, la question que l’on pourrait se poser, est de savoir si
ce sommet de Johannesburg aura la même saveur.
L’absence du maître du Kremlin n’aura visiblement rien enlevé à
l’intérêt de ce sommet
La question est d’autant plus fondée qu’en
temps normal, la présence du maître du Kremlin ne pouvait manquer de rehausser
l’image du sommet. Mais dans le contexte actuel, il ne fait pas de doute que
son éventuelle présence dans la capitale économique sud-africaine, aurait eu
pour effet de déclencher le débat si ce n’est la machine judiciaire de la CPI
avec pour effet d’éclipser peu ou prou le thème de ce sommet au profit d’une
autre actualité. C’est dire si dans son intérêt propre et dans celui du sommet,
Vladimir Poutine a fait un choix raisonnable qui, en plus du climat de sérénité
dans lequel il permet à la rencontre de se tenir, évite d’incommoder son hôte
et allié sud-africain pour les raisons que l’on sait. Mais, aussi marquante qu’elle ne manquera
pas d’être, l’absence du maître du Kremlin qui, du reste, participe à cette
rencontre de haut niveau par visioconférence, n’aura visiblement rien enlevé à
l’intérêt de ce sommet qui verra la participation d’une cinquantaine de chefs
d’Etat « amis des BRICS » dont une trentaine issue du continent noir, aux côtés
des dirigeants des cinq pays du groupe. Encore moins à la notoriété de ce
regroupement politico-économique qui continue d’aiguiser les convoitises
d’adhésion en son sein, à en juger par la quarantaine de pays au nombre
desquels l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Argentine ou encore l’Algérie, qui
frappent à sa porte ou ont manifesté leur intention de rejoindre l’entité, et dont
l’admission est aussi un sujet de débat au sein du groupe.
On peut se demander si l’ombre de la crise nigérienne ne va pas planer
sur ce sommet des BRICS
C’est dire si l’organisation de
ce sommet est un grand défi pour l’Afrique du Sud. C’est dire aussi si, petit à
petit, les BRICS sont en train de tracer leur chemin, dans une volonté affichée
de parvenir à un nouvel équilibre économique et politique mondial qui viendrait
contrebalancer l’hégémonie occidentale. Et nul doute que l’adhésion de nouveaux
membres pourrait ouvrir de nouvelles perspectives à ce groupe qui, en plus
d’étendre son influence, ambitionne aussi « à moyen et long terme », de créer
sa monnaie. Autant dire que dans le contexte actuel de polarisation des
tensions internationales autour de la guerre en Ukraine, tout porte à croire
que le sommet de Johannesbourg ne sera pas un sommet de plus. Et, dans cette
crise mondiale marquée par la démarcation de deux camps antagoniques, l’on peut
se demander si Johannesbourg ne sera pas une tribune de plus pour la Russie,
pour s’attirer davantage la sympathie des pays africains. Tout comme dans ce
contexte de crispation politique et institutionnelle à Niamey, on peut aussi se
demander si l’ombre de la crise nigérienne ne va pas planer sur ce sommet des
BRICS au moment où l’option d’une éventuelle intervention militaire de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour rétablir
l’ordre constitutionnel à Niamey, divise fortement au-delà même du continent
africain. En tout état de cause, même si l’heure paraît encore à la réflexion
sur l’élargissement du groupe à de nouveaux adhérents, Johannesbourg pourrait
marquer un tournant pour les BRICS. Et ce, au regard du thème même de ce 15ème
sommet : « Les BRICS et l’Afrique : un partenariat pour une croissance
mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme
inclusif » qui, au-delà de l’appel du pied des BRICS au continent africain,
semble répondre aux aspirations de nombreux pays africains qui ne jurent aujourd’hui
que par la diversification des partenariats et en quête d’épanouissement
économique.