Le Sommet Russie-Afrique, qui s’est tenu récemment à Saint-Pétersbourg, sous le sceau des questions humanitaires et économiques, a été une opportunité pour le gouvernement de transition, de réitérer l’amitié entre Conakry et Moscou, en pleine guerre russo-ukrainienne. Le chef de la diplomatie guinéenne, Dr Morissanda Kouyaté, qui a porté la voix de la junte, était dans son élément, en tant que souverainiste et panafricaniste convaincu. De là à dire que la Guinée s’est rangée dans le camp russe, au détriment de l’Ukraine, est un pas que certains observateurs ont vite fait de franchir. Sans faux-fuyant.
Du haut de la tribune du Sommet Russie-Afrique, le ministre
des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger, Dr Morissanda Kouyaté
n’a pas fait dans la langue de bois, si chère pourtant aux diplomates, pour
définir la position de son pays, dans la guerre russo-ukrainienne, qui déchire
en ce moment le vieux continent. Entraînant dans la foulée l’isolement de
Moscou sur la scène internationale.
A tout prendre entre la Russie et l’Ukraine, Conakry
prendrait sans rechigner la Russie. C’est du moins l’interprétation qu’on
pourrait faire de manière subliminale, du discours prononcé par le chef de la
diplomatie guinéenne lors de cette grand-messe.
Une posture qu’il tente de justifier par les liens
séculaires qui unissent les deux pays. « La République de Guinée et la
Fédération de Russie entretiennent des relations de coopération et d’amitié
depuis l’accession de notre pays à la souveraineté et à l’indépendance
nationales en 1958. Cette amitié est née de l’admiration et de la confiance que
l’Union des Républiques socialistes soviétiques d’alors avait pour la jeune
république de Guinée, qui avait posé les bases concrètes du panafricanisme et
montré la voie de la liberté à plusieurs autres peuples africains », a rappelé
Dr Morissanda.
Qui va dans la même veine préciser que « la République de
Guinée n’est donc pas un nouvel ami de la Fédération de Russie ; depuis plus de
60 ans, nous coopérons d’égal à égal, dans tous les domaines : social,
culturel, économique, scientifique, politique et diplomatique ».
Avant de marteler je cite : « mon pays et son Président ne
peuvent donc figurer sur aucune liste de ceux à influencer pour ou contre la
Fédération de Russie, car c’est le chemin de l’amitié tracé par nos pères
fondateurs qui est suivi sans détour par le Président de la République de
Guinée, le Colonel Mamadi Doumbouya, et son gouvernement ».
Ce verbatim en dit long sur le penchant de la junte pour
l’ours russe. Comme quoi entre Moscou et Kiev, le cœur des autorités de la
transition balancerait pour Moscou.
La junte a toutefois profité de cette tribune pour lancer un
« appel pour la paix et pour la résolution pacifique par le dialogue du conflit
opposant la Fédération de Russie et la République d’Ukraine ».
Sans manquer d’implorer la magnanimité du Président Vladimir
Poutine, à faire preuve de prodigalité, par l’octroi de céréales aux peuples
africains. Un geste qui pourrait les sauver « d’une éventuelle famine ».
Un appel de détresse qui est certainement tombé dans de
bonnes oreilles. Le tsar ayant promis de livrer gratuitement des céréales de
blé à 6 pays du continent, en proie à des besoins alimentaires énormes.
Ce ne sont là, ni plus ni moins que les bons baisers de
Russie.
Mamadou Dian Baldé