Les lampions se sont éteints sur le sommet USA-Afrique. Au cœur des
échanges entre l’Oncle Sam et les têtes couronnées du continent noir, étaient
inscrits la lutte contre l’insécurité, les échanges commerciaux, la santé et le
changement climatique. Comme on le constate, l’on a soigneusement évité les
sujets qui fâchent, en l’occurrence la problématique de la démocratie sur le
continent, qui a pourtant servi de prétexte pour exclure du sommet, le Burkina
Faso, le Mali, la Guinée Conakry et le Soudan, accusés d’être dirigés par des
putschistes. Contre toute attente, l’Exécutif américain ne s’est pas du tout
gêné de la présence des vieux crocodiles de la mare saumâtre des dictatures en
Afrique et autres champions des coups d’Etat constitutionnels. Il n’y a
donc qu’une explication qui tienne pour comprendre cet état de faits : les USA
ont privilégié leurs intérêts au détriment de la démocratie. Cela dit, le
sommet a permis aux Américains de présenter aux chefs d’Etat africains, leurs
principaux projets pour l’Afrique. Dans le domaine de la lutte contre
l’insécurité, tout en restant un allié de la France, les USA entendent mettre
en œuvre leur propre vision stratégique qui ira au-delà de la « stabilité
à court terme ». Mais l’on peut se poser la question suivante :
comment cette stratégie peut-elle être mise en œuvre si les pays qui sont les
plus fortement impactés par l’insécurité, sont considérés comme des pestiférés.
Dans le domaine socio-économique, Washington annonce 55 milliards de dollars
qui seront consacrés à la santé et à la réponse au changement climatique.
Il appartient à l’Afrique de se réveiller et quitter ce marché de dupes
Cette somme représente, certes,
une manne non négligeable pour le continent, mais pour en bénéficier, il est à
peu près certain que l’Oncle Sam l’assortira de conditionnalités qui
éloigneront de nombreux pays du plat, comme on l’a vu avec le Millenium
Challenge Account (MCA) ou encore l’initiative AGOA. En définitive donc,
ces différentes annonces sont de la poudre aux yeux des Africains, destinée à
les aveugler pendant que les géants de l’économie américaine organisent la ruée
vers les richesses africaines, comme les colons américains l’ont fait autrefois
pour le Far West. Cette ruée est d’autant plus urgente qu’il y a aujourd’hui
des challengers sérieux comme la Russie et la Chine qui ne cachent pas non plus
leurs intérêts pour le continent noir. Il faut donc à tout prix non seulement
contrer cette avancée russo-chinoise, même si lors du sommet, les Américains
disent conditionner leurs relations par la position individuelle des Etats
africains dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Mais aussi flatter les
opinions nationales africaines dominées par des courants souverainistes. C’est
dans cette perspective que Joe Biden annonce qu’il plaidera pour l’intégration
de l’Afrique dans le G20. Mais il faut être bien naïf pour croire à sa bonne
foi. Car, si le président des USA veut que la voix des Africains soit entendue
comme il le prétend, il devrait plutôt aller dans le sens de l’obtention d’un
siège au Conseil de sécurité de l’ONU pour que le continent soit partie
prenante des grandes décisions du monde. En tout état de
cause, il appartient à l’Afrique de se réveiller et quitter ce marché de dupes.
Dans tous les cas, la convoitise dont elle fait l’objet, montre toute sa
puissance géostratégique et économique aujourd’hui et il lui appartient de se
valoriser pour dîner à la table des grands.
Saho