Enlèvements des enfants, surtout des jeunes filles qui sont violées
et/ou tuées. Plus rien à se mettre sous la dent, même quand le portefeuille est
bien garni. Peur généralisée et générale dans un pays où pour une voiture, et
pire pour une bouchée de pain, l’on peut perdre la vie. A El Obeid dans le
Kordofan, nord du pays et presque partout, sous une pluie constante d’obus et
autres armes lourdes, ainsi va le quotidien des Soudanais, pris en otages,
depuis le 15 avril, par des généraux assoiffés de pouvoir. Dans une guerre sans
merci, les généraux, militaire Abdel Fattah al Burhan et paramilitaire Mohamed
Hamdan Dogolo alias Hemetti, sèment la mort et la désolation dans toutes les
familles soudanaises. C’est ainsi qu’après avoir fait tomber en duo, un autre
général Omar el-Béchir en l’occurrence, il sont opposés aujourd’hui, dans un
duel sans répit qui fait vivre l’enfer à leurs concitoyens.
Au 100e jour de ces affrontements
sanglants entre les camps des généraux, et même avant, face à la confiscation
du pouvoir par les hommes de tenue et la détresse d’un peuple qui ne sait plus
à quel saint protecteur se vouer, la communauté internationale reste,
malheureusement, sans solution. En dehors des condamnations formelles et
puériles, et pour des intérêts multiformes, surtout de géopolitique, ces pays
dits puissants et les organisations internationales ont comme abdiqué, pour le
malheur de populations civiles qui, pensaient avoir vécu le pire sous le règne
sans partage de Omar el-Béchir. Tout porte à croire que les Soudanais ne
pourront compter que sur eux-mêmes et leurs mains nues pour se débarrasser de
leurs tortionnaires qui tuent les populations avec les armes achetées par
l’argent du contribuable. S’ils ont réussi cette prouesse une première fois
pour en arriver la chute d’Omar el-Béchir, ils pourront bien venir à bout de la
folie meurtrière des militaires et paramilitaires. Que pourra donc le Togo dans
cette situation catastrophique entretenue par la barbarie de généraux qui ne
pensent qu’à garder l’économie du Soudan sous leur emprise ?
Le Togo s’implique, en effet,
pour une résolution du conflit soudanais, après ses contributions remarquées
dans le dénouement de crises sur le continent, dont la dernière en date est
celle qui a failli mettre à mal les relations séculaires d’amitié et de
fraternité entre les « frères » maliens et ivoiriens. En effet, l’action
diplomatique de Faure Gnassingbé a conduit, en son temps, à la libération de 39
militaires ivoiriens que d’aucuns ont qualifié d’otages de la junte malienne.
Le président togolais voudrait s’ériger en expert en médiation qu’il ne s’y
prendrait autrement. Cette fois-ci, il jette l’ancre loin de la sous-région.
Comme quoi, ce n’est pas pour rien que, de la capitale togolaise, la Colombe de
la paix déploie majestueusement ses ailes, juchée sur un globe terrestre d’où
il prend son envol pour porter son message de paix dans le monde. Certes, en
toute logique, tout succès dans les médiations renforce l’image personnelle de
Faure Gnassingbé et donne au Togo et à son peuple un rayonnement à
l’internationale, mais c’est tant mieux pour le continent noir plus en plus
confronté aux conflits, de régler ses problèmes en interne.
Toutefois, le chef de l’Etat
togolais doit prendre le soin de travailler en bonne intelligence avec les
acteurs et les mécanismes officiels de résolution des crises et guerres sous
les tropiques, au risque de se les mettre à dos. De même, le faiseur de paix,
tout droit sorti des «Evala», cette compétition de lutte traditionnelle qui
valorise énormément la culture togolaise, doit mettre en œuvre le même
engagement et surtout le doigté dont il fait montre ailleurs, pour régler les
petits soucis domestiques auxquels le Togo, à l’instar d’autres pays, fait
face. Pourvu qu’à partir des négociations sur le Soudan que le Togo abrite
depuis ce 23 juillet, et qui réunit des représentants des parties
belligérantes, la Colombe de la paix renforce son bec pour porter, la paix, une
denrée devenue rare dans le monde.
Les médiations, qu’elles viennent
du Togo ou d’ailleurs, doivent être couronnées de réussite. Et c’est le seul
mal qu’on peut souhaiter à des populations soudanaises meurtries et constamment
envahies par la psychose des déchirements ethniques et de la hantise du chaos
sanglant du Darfour.
WS